mardi 15 décembre 2009

Résumé pour le séminaire de l'IHMC - Ecole Normale Supérieure - Scéance du 12 janvier 2010

Confréries religieuses, argent et crédit en Lorraine
XVe - XVIIIe siècles

Frédéric Schwindt
Séminaire de l’IMHC – Mardi, 12 Janvier 2010 – 10 H – 13 H

Du Moyen Age à la première guerre mondiale, le territoire qui a donné le jour au département de la Meuse en 1790, a vu l’apparition d’un peu plus de 2500 confréries religieuses, le mot « religieuses » n’étant pas selon nous le plus important de la formule.
En effet, spécialiste d’histoire religieuse, nous avons été amenés à nous occuper d’histoire économique et ceci pour deux raisons. D’abord, l’essentiel des archives de ces pieuses compagnies est constitué de documents financiers, des livres de comptes et des milliers de constitutions de rentes notamment. Ensuite, comme la partie immergée d’un iceberg, cette documentation révèle tout un pan de l’histoire des communautés d’habitants.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il était de tradition pour les visiteurs ecclésiastiques de tempêter contre le mélange du temporel et du spirituel qui prévalait au sein des confréries. La manipulation d’argent et la large initiative laissée aux laïcs étaient interprétées comme un abus même lorsque ces usages étaient traditionnels. Or, les historiens ont longtemps été victimes de cette manière de voir car leur objectif était d’analyser comment la Réforme Catholique avait pu influencer les comportements des fidèles. L’association religieuse était vue d’en-haut et conçue comme un organe de l’Eglise, en gros un outil entre les mains de Rome. L’approche traditionnelle a donc privilégié la cartographie et l’étude des statuts, deux domaines qui révèlent surtout le projet initial par le quotidien. La réalité se trouve en revanche dans les documents économiques dont l’abord est malheureusement bien plus ingrat.
En effet, la confrérie est d’abord une interface entre la société et l’Eglise, entre le peuple chrétien et les clercs. Elle concrétise la capacité d’organisation des habitants, ce que Maurice Agulhon appelle « l’associationnisme », et elle remplie bien d’autres fonctions que « l’augmentation du culte divin ». Les actes de fondations signés par des prêtres, souvent des missionnaires, sont ainsi fréquemment des régularisations a posteriori d’organisations qui existent depuis longtemps de manière spontanée. La confrérie dédouble la communauté d’habitants et les biens qu’elle accumule deviennent en quelque sorte la propriété de tous même lorsqu’ils proviennent de legs de particuliers.
Les associations religieuses ont constitué une réponse populaire, et pas seulement sur un mode spirituel et symbolique, au moment des difficultés (fin du Moyen Age, guerre de Trente ans, malheurs de la fin du règne de Louis XIV) mais aussi lors de la reconstruction. Il est d’ailleurs significatif que les confréries de charité se développent après les crises, leur rôle n’est donc pas celui qui est invoqué dans les statuts, une grande part du fonctionnement relevant non des textes mais de l’informel.
A plusieurs époques mais surtout au XVIIIe siècle, on voit se développer une activité de crédit qui devient même parfois la seule fonction de l’association. C’est d’abord un crédit à la consommation qui remplace l’aide en nature accordée aux pauvres puis de plus en plus un crédit à l’investissement lié le plus souvent à l’achat de terres agricoles. Les notaires jouent un grand rôle dans la circulation de l’information mais l’appartenance à la compagnie permet aussi de se tenir au courant des sommes disponibles. Une géographie du crédit associatif peut même être dessinée.
L’étude des registres de compte révèle la mise en œuvre progressive d’une politique de gestion visant à dégager un maximum de bénéfices en minimisant les dépenses (même religieuses) afin de pouvoir prêter des sommes supérieures. Par un phénomène cumulatif, certaines associations amassent ainsi un capital considérable qui attise les convoitises de l’Eglise, parce que l’administration des confréries est encore entre les mains des laïcs, ou des Intendants qui voudraient réaffecter ce patrimoine à d’autres usages. D’ailleurs, tout au long du siècle des Lumières, les confréries avaient pris de plus en plus en charge des dépenses collectives comme le financement des petites écoles.
Les sources révolutionnaires, à l’époque de la vente des biens du clergé, permettent enfin de se faire une assez bonne idée des volumes financiers en question. A cette époque, les communautés d’habitants se sont énergiquement mobilisées pour défendre des associations et des patrimoines qui dans leur esprit leur appartenaient.

vendredi 4 décembre 2009

A paraître, un commentaire du dernier livre de Rodney Stark.

Publication mi-décembre dans la Revue de l'Histoire des Religions :
Frédéric SCHWINDT, «Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme. Traduit de l’anglais (américain) par Gérard HOCMARD», Revue de l'histoire des religions, 4/2009, [En ligne], mis en ligne le 15 septembre 2009. URL : http://rhr.revues.org/document7315.html. Consulté le 4 décembre 2009.