Si l'on écoute les médias et la classe politique, la situation à Marseille nécessiterait une Union Sacrée, comme en 1914, et même (Ségolène Royal) l'envoi de l'armée... Surtout, elle illustrerait la faillite des pouvoirs publics et celle des forces de l'Ordre.
Or, la situation est exactement inverse. La vague de meurtres et de règlements de comptes que nous connaissons (il y a eu la même à Naples voilà 20 ans et pour les mêmes raisons) est le résultats d'une efficacité croissante de la Police et de la Gendarmerie.
D'abord le trafic de drogue est de moins en moins rentable (la consommation semble baisser un peu en France - ce qui au passage casse l'argument des partisans de la dépeinalisation - sans qu'on sache s'il s'agit de l'action sur l'offre ou d'une réelle baisse de la demande), ce qui conduit les petites frappes à réorienter leurs activités vers d'autres domaines notamment les cambriolages.
Autrefois, il ne se passait rien parce que les caïds étaient laissés libres de se partager la ville et les différents trafics. Mais la volonté des ministres de l'intérieur successifs et le renforcement des effectifs ont permis depuis 15 ans de s'attaquer réellement au problème. Aujourd'hui, la carrière d'un dealer chef de réseau est inférieure à 2 ans avant qu'il ne soit arrêté et emprisonné. C'est justement là où le problème se pose ! Ces arrestations provoquent des guerres de succession entre les lieutenants. Quand l'individu sort de prison, il veut récupérer sa place ou bien ses anciens collègues préfèrent s'en débarrasser de manière préventive.
Dans le même temps, l'action des forces de l'Ordre (dont celle des douanes et des services fiscaux) a réduit le gâteau à Marseille et donc augmenté la concurrence entre les criminels.
Reste le problème de l'ordonnance de 1945 car les
mineurs restent le point d'entrée de la criminalité marseillaise (comme dans le
reste de la France). Refuser de la réformer revient à accepter qu'ils se fassent
descendre quelques années plus tard !!!
La question est donc de savoir ce que l'on veut ! Encore faudrait-il dire la vérité aux Français.
