mardi 25 septembre 2018

Les Protestantismes en Lorraine XVIe-XXIe siècles

Laurent Jalabert et Julien Léonard nous annoncent que les Presses universitaires du Septentrion vont sortir l’ouvrage Les protestantismes en Lorraine en février 2019 !

Il s'agit du colloque organisé en 2016 à l'université de Lorraine avec un chapitre commis par votre serviteur intitulé
L'autre versant de la Réforme : les Anabaptistes - Mennonites en Lorraine (XVIe-XXIe siècle)

Le protestantisme est généralement réputé étranger à la Lorraine. Pourtant, la diversité géopolitique de l'espace lorrain à l’époque moderne, puis sa partition tragique à l’époque contemporaine, font de ce territoire un lieu de diffusion contrastée des réformes protestantes, dans leur diversité. Calvinistes, luthériens ou encore anabaptistes, jusqu’aux évangéliques aujourd’hui, ont tous, malgré leur situation d’extrême minorité et la précarité, parfois, de leur condition juridique, joué un rôle non négligeable dans l’histoire lorraine.
Il s’agit donc de réévaluer cette place, de faire un bilan des travaux les plus récents et de lancer des pistes pour de futures recherches, tout en replaçant la Lorraine dans des contextes plus larges, du fait de sa position d’entre-deux entre les constructions nationales française et allemande.
Entre synthèse globale et études de cas, cet ouvrage est un reflet de nos connaissances actuelles sur le sujet, ce qui constitue une entreprise éditoriale inédite.


Édition Première édition
Éditeur Presses Universitaires du Septentrion
Support Livre broché
Nb de pages
ISBN-102757424491
ISBN-13 978-2-7574-2449-0
GTIN13 (EAN13) 9782757424490

mercredi 31 août 2016

Louis CHÂTELLIER (1935-2016)





Louis Châtellier a été notre maître à ma femme (Elisabeth Gabrion-Schwindt) et à moi, un maître au sens ancien, tant le maître universitaire que le maître artisan qui nous a formés à la recherche et qui nous a marqués par sa personnalité et son érudition. 

L'an prochain, L'Europe des dévots aura 30 ans. Un anniversaire qui sera à coup sûr l'occasion d'un retour sur l'oeuvre du professeur Châtellier.



mardi 2 février 2016

Raymond Meunier (1923-2016)



          Depuis quelques années, Raymond Meunier intervenait dans les établissements scolaires et auprès des jeunes engagés du centre de formation initiale militaire de Verdun. Il ne racontait pas la guerre, ni ses combats mais son engagement. C’était très important pour lui. En effet, pourquoi un jeune homme de 20 ans décide-t-il un matin de 1943 de tout quitter pour rejoindre la France Libre ?
          Raymond Meunier est né à Ecrouves en 1923 mais sa famille est venue en Meuse dès 1936. Son père travaillait comme cheminot, chemin de fer qu’il rejoint lui-même en 1939.
Mais la défaite de 1940 le touche profondément. Il avoue lui-même avoir pleuré. Avec ses deux copains, Gilbert Hénain et Marcel Urbain, il décide de rejoindre la France Libre. Après plusieurs tentatives, vers la Suisse et dans le Sud, il arrive à passer à pied en Espagne le 18 février 1943. Arrêté par la police, il n’est heureusement pas remis aux allemands et il connait les geôles  franquistes. Très pudiquement, il reconnaissait avoir été un peu maltraité…



Il arrive néanmoins par une filière diplomatique à rejoindre le Portugal, territoire neutre, et à gagner l’Afrique du Nord ou fait rage l’opposition entre Giraud et De Gaulle. Il ne veut pas s’engager dans l’Armée d’Afrique, il veut aller en Angleterre. Finalement, les trois copains arrivent à trouver un transport  pour le Royaume Uni en passant par Gilbraltar. C’est là qu’advient un des grands moments de sa vie, un moment qui, lorsqu’il le racontait, provoquait toujours chez lui et chez le public une grande émotion. C’est la rencontre avec le Général. Ce grand général sur le pont du bateau, le discours d’accueil dans la France Libre et le chant de la Marseillaise.



Le 16 juin 1943, Raymond Meunier s’engage dans le 2e Régiment de parachutiste. La brigade SAS, Special Air Service, est alors constituée de 4 régiments, deux britanniques et deux français. Avec les commandos marines du commandant Kieffer, ce sont les ancêtres directs des forces spéciales françaises. L’entraînement à Hardwick et à Ringway est très rude. Il impressionnait toujours les jeunes militaires à qui il racontait les épreuves physiques endurées lors de cette formation, entraînement qui avait pour de lui permettre de survivre au front. Dès le 15 août 43, il est breveté para. Jusqu’à récemment, il était resté un grand sportif.
Moins d’un an plus tard, le 11 juin 1944, Raymond Meunier est parachuté en Bretagne sur le maquis de Saint-Marcel. Il s’agit de retenir les allemands afin de soutenir le débarquement. C’est une chose de quitter un avion qui vole bien, qui n’a pas de problème, à 1500 mètres pour un saut sportif. S’en est déjà une autre d’effectuer un saut opérationnel à 300 mètres. Mais sauront nous jamais ce qu’a ressenti Raymond Meunier au moment où la porte s’est ouverte, cette nuit-là, avec l’ennemi en dessous.
Pendant quelques jours, il participe à la formation militaire des résistants mais après l’investissement du maquis par l’ennemi, il mène isolément une guerre de guérillas dans le secteur, combats au cours desquels nombre de ses camarades trouvent la mort d’une manière atroce.
Regroupé, les survivants sont ramenés en Angleterre puis renvoyés en jeeps sur la Loire pour contribuer à la Libération. C’est alors qu’il bénéficie d’une courte permission à Paris, que commence la contre-offensive allemande des Ardennes. Les SAS sont rapidement envoyés sur le secteur de Bertrix, le 24 décembre, en renfort pour conduire des actions sur les arrières de l’ennemi et pour guider les colonnes de blindés américains.



          Retenu un temps pour la mission en Norvège dite de l’Eau-Lourde, Raymond Meunier est finalement parachuté le 7 avril 1945 en Hollande afin d’y tenir les ponts et d’empêcher une destruction complète des infrastructures par les armées allemandes en retraite. Il sera décoré par la reine des Pays-Bas pour ce fait d’arme.
Entre le débarquement en Normandie et le 8 mai 1945, le 4e régiment SAS (en France le 2e RCP) aura perdu 23 officiers et 195 hommes sur 50 officiers et 500 hommes dont 77 en Bretagne.
Comme eux, Raymond Meunier a fait son devoir. Très discret, il n’en faisait pas état. Il est revenu à Mussey et a repris sa vie et notamment une carrière professionnelle dans la banque. C’est donc très tardivement que la Nation a entrepris d’honorer son engagement.
Mais heureusement, le passage de témoin a été effectué. Tous les jeunes, lycéens et militaires, qui l’ont entendu ses dernières années, ont été marqués par sa personnalité et nul doute que son engagement sera, comme disait le Général de Gaulle, source d’ardeur nouvelle.


 Frédéric Schwindt – 2 février 2016

mardi 15 décembre 2015

« Quelle sécurité voulons-nous ? »






« Quelle sécurité voulons-nous ? »,

Café-Repère, Bar-le-Duc, 15 décembre 2015

Frédéric Schwindt



Bonsoir à tous. Je remercie Isabelle Laudin et Eric Philippe de leur invitation. Hélas, la fin de la période de réserve ne permet pas à des représentants de l’État de venir faire valoir leur avis mais je ne doute pas que le débat sera fécond. Isabelle m'a dit de préparer quelque chose, j'espère ne pas être trop long. Mais je suis très heureux de parler devant vous, d'autant que le sujet : "Quelle sécurité voulons nous ?", m'a forcé très égoïstement à y réfléchir et à me mettre au clair.



Introduction :



D'abord qui suis-je ? Et quel légitimité ai-je à discuter de ce sujet devant vous ?



J'ai 45 ans, je suis professeur d'Histoire-Géographie et Éducation civique et donc, par déviance professionnelle, j'ai été amené tout naturellement à m'intéresser à cette question qui fait depuis toujours - j'insiste sur ce mot - partie des programmes scolaire. Depuis la suspension du service national (pas supprimé, suspendu) et la création du parcours citoyen (enseignement de défense - recensement - JDC), des chapitres nouveaux sont apparus dont l'un en 3e justement sur la sécurité et la paix. J'ai été amené à suivre la mise en place et l'évaluation de cet enseignement dans un groupe de travail de l'inspection régionale d'Histoire-Géographie et je continue d'être sollicité pour animer des formations.



Au titre du Ministère de l’Éducation Nationale, j'ai participé en 2007 à une session de 3 semaines comme auditeur de l'Institut des Hautes Études de la Défense Nationale. Derrière le titre ronflant, il y a une création du Front Populaire, donc quelque chose de déjà très ancien, qui a pour but d'associer les citoyens à la réflexion sur les questions de défense et de sécurité. Les sessions regroupent des officiers supérieurs des trois armées et de la Gendarmerie, des hauts fonctionnaires des autres ministères et des personnes de la société civile. Ils participent ensuite à des forums et à la rédaction de rapports sur des questions posées par le Premier Ministre. Le but est que les questions de défense et de sécurité ne restent pas réservées au sérail des spécialistes.



Enfin, je suis officier de réserve et à ce titre j'ai commandé des unités opérationnelles sur des grands événements comme le G8 de Deauville ou bien dans des opérations de sécurisation après les attentats.



Ceci dit, je ne pense pas avoir une plus grande légitimité à parler de défense et de sécurité que l'ensemble des citoyens français. Je crois au contraire et c'est le républicain qui parle (au sens de Ferry et de Gambetta) qu'il faut que le peuple s'empare du débat. Et donc l'organisation d’événements comme celui de ce soir est à mon sens utile, non seulement parce que nous sommes en démocratie, mais aussi pour une raison pratique : ce que les spécialistes et les différents livres blancs appellent la "résilience", c'est-à-dire la capacité d'une société à encaisser des coups et à se relever.



Donc voici juste quelques remarques afin d'ouvrir la discussion.



1 - Défense globale et sécurité.



Vous allez d'abord me dire que je suis hors sujet parce que je parle de défense et que le sujet est la sécurité. Mais justement, il est de plus en plus difficile de séparer les deux.



Traditionnellement, en effet, on oppose la défense contre les dangers extérieurs (donc la guerre et l'armée) à la sécurité intérieure (donc la criminalité et la police). C'était un schéma relativement simple qui a globalement fonctionné jusqu'à la chute du mur de Berlin. Mais il est bien clair, suite aux événements récents, que guerre, terrorisme et trafic en tout genre sont liés. Certains kamikazes du stade de France et du Bataclan ont commencé par une carrière de droit commun, de petit caïd et de trafiquant de drogue. Dans le Sahel, les réseaux djihadistes recoupent largement celui du trafic d'armes, du trafic de drogue et du trafic d'êtres humains. Il est d'ailleurs tout à fait logique qu'avec la mondialisation, les menaces soient aussi globalisées.



Depuis la grande Ordonnance de 1959, le mot défense (celui du ministère de la défense) est d'ailleurs compris dans un sens large qui associe par exemple la défense économique. On parle donc aujourd'hui de défense globale, c'est-à-dire contre tous les risques : risques sanitaires (Ebola...), technologiques (AZF...), climatiques (le réchauffement climatique est le plus formidable facteur de déstabilisation géopolitique qu'on puisse imaginer...).



Aujourd'hui, la défense et la sécurité s'organisent donc évidemment dans un cadre interministériel. N'oublions pas enfin que la France cultive le paradoxe d'être une puissance moyenne qui entretient une présence mondiale. Les territoires d'outremer détiennent toute la gamme des catastrophes naturelles possibles. Quant à Mayotte, c'est, tout le monde s'accorde à le penser, le foyer de crise de demain ! Que devons nous faire de nos forces de souveraineté ? Nous pouvons ambitionner d'être la Suisse, neutre mais pas forcément bienveillante, ce qui ne suffira pas à nous protéger. Les arrestations à Genève l'ont prouvé. Et puis, il faut choisir, où nous continuons de jouer un rôle dans le monde, ou alors il faut arrêter de proclamer des valeurs universelles.



Toute défense, toute sécurité, possède nécessairement une dimension internationale et diplomatique. Je passe rapidement sur la question de l'OTAN (que la France n'a jamais quitté, ni réintégré ; elle en est et en reste un des membres fondateurs - c'est le commandement intégré qui a été en cause). Le principe très connu de Clausewitz selon lequel la guerre est la poursuite de la politique par d'autres moyens demeure très juste. Mais, il n'y aura pas de sécurité durable tant que la France ne sera au clair avec ses objectifs internationaux. La guerre n'étant qu'une étape avant une nouvelle phase politique, il ne faut pas - malgré les horreurs et les carnages - humilier à l'excès nos adversaires. Ceci implique obligatoirement comme but à notre action, l'espoir d'une réconciliation future avec l'ennemi. Ne nous sommes nous pas réconciliés avec l'Allemagne malgré Auschwitz et Oradour et grâce à Nuremberg.



2 - L'inanité d'une sécurité totale.



Il n'est de toute façon pas possible de se défendre de tout et d'écarter toutes les menaces !



La capacité de résilience d'une Nation dépend déjà d'une bonne perception des risques et d'une juste compréhension des possibilités de réponse. Lorsque toute la région parisienne grogne contre l'inanité de l’État parce qu'il est tombé 2mn de neige sur le périphérique, on peut déjà s'inquiéter.



Enfants de l’État Providence, vivants dans un univers relativement protégé, nos concitoyens ont appris à tout attendre d'en haut. Mais justement, il est complètement illusoire de pouvoir se protéger de tout. Et la première leçon à prendre du 13 novembre, c'est qu'il y aura d'autres attentats. Notre renforcement doit donc d'abord être moral. Il faut donc arrêter, dès qu'un problème se produit, d'accuser les dysfonctionnement du système



Il faut aussi bien prendre conscience que nous ne pourrons pas mobiliser éternellement des effectifs qui fonctionnent déjà à flux tendu. Nous arrivons déjà à la limite alors même que depuis la crise des banlieues, ceux-ci ont été sérieusement déflatés. Que se passerait-il si un problème outremer advenait ! Nous ne pourrions pas faire face. Nous tenons actuellement vigipirate parce que l’État a baissé la garde sur les dossiers quotidiens : police route (montée en flèche de la mortalité routière), cambriolages, trafics... Les forces de l'ordre consacrent en effet moins de temps à leur cœur de métier.



Il faut également éviter le contresens autour du renseignement et donc la croyance selon laquelle il serait possible de tout savoir et de tout contrôler. Je ne développe pas la question d'internet, je pense que nous en parlerons après lors du débat. Mais les spécialistes qui préparent l'internet du futur, un internet complètement décentralisé (je n'ai pas de bons mots pour ça) hors des gros serveurs, complètement explosé, nous indiquent bien qu'il est illusoire d'espérer... D'ailleurs le vrai problème du renseignement n'est pas en France la collecte, nous en avons même trop. C'est celle du traitement, nous n'utilisons pas toutes les informations, et celle du partage. Dans ce sens, la création de la DCRI a été une erreur car en centralisant trop, nous avons perdu le contact avec le terrain. Et ce qui nous manque le plus, c'est justement le renseignement humain.



Il y a de toute façon un fait qu'il faut toujours garder à l'esprit, c'est que nous sommes impliqués dans une guerre asymétrique. Nous sommes une démocratie, nous portons des valeurs donc nous ne pourrons jamais utiliser les mêmes armes que l'adversaire.


Une autre question que nous devons nous poser, c'est bien sûr celle du coût de notre sécurité dans un contexte de réduction des dépenses publiques. Quel coût, humain et financier, nos alliés sont-ils également prêts à supporter ? Or, la plupart des pays européens ont considérablement baissé leurs dépenses de défense mais aussi de sécurité, par exemple dans le domaine douanier. Il est quand même amusant de voir que ce sont des bateaux de guerre espagnols, portugais, italiens, français et même grecs, donc les pays budgétairement laxistes, qui surveillent le canal de Suez et les côtes somaliennes, pour des porte-conteneurs qui vont à Hambourg ou Rotterdam... Pour la France, une anecdote aurait pu se révéler dramatique. Au début, de l'intervention au Mali décidée par le président de la République, nous avons envoyé des troupes au sol, forces spéciales et infanterie légèrement armées. Le gros du matériel : hélicoptères, chars, canons suivaient par bateaux. Or, le contrôle général des armées, une administration formée de civils et largement contrôlée par Bercy, a alors tenté d'empêcher le départ du matériel au prétexte que cela coûtait trop cher et que finalement il n'y avait peut être pas besoin de matériel pour affronter quelques touaregs armés de vieilles pétoires... Pourtant, si nous avons eu si peu de pertes au Mali, c'est justement parce que les soldats ont été appuyé dans les différentes dimensions. C'est ce qui me fait douter des capacités de l'Allemagne à venir relever la France au Sahel, tant la Bundeswehr est en mauvais état après 15 ans de rigueur budgétaire et vu la mauvaise expérience en Afghanistan. L'opinion publique allemande de surcroît y est opposée dans son ensemble.



3 - Un problème de perception de la menace.



Ensuite, il faut avoir une juste perception de la menace.



Le risque est en effet toujours celui d'une réponse à chaud. Il s'agit de faire la guerre, de se défendre ; pas de se venger. Nous sommes sous le choc des attentats et il est très difficile de prendre du recul alors que nous venons seulement d'inhumer les victimes. Je vais peut-être choquer, mais je ne crois pas que la menace numéro 1 soit le terrorisme. C'est le syndrome "German Wings". Un avion se crashe, il y a 150 morts ! C'est terrible. Mais c'est un événement rare et le transport aérien reste des dizaines de fois plus sûr que l'automobile. Je rappelle qu'il y a plus de 2000 morts par an sur les routes, une centaine les week-end de grands départs en vacance. La canicule a tué plusieurs milliers de personnes, l'épidémie de grippe plus que tous les attentats cumulés en France depuis 25 ans...



Si on regarde bien, nous sommes seulement des victimes collatérales d'une gigantesque guerre civile interne au monde musulman. Pour simplifier à l'extrême, sunnites contre chiites. Ce que nous avons vécu arrive chaque semaine à Bagdad ou à Kandahar. On estime les pertes à plus d'un million de morts. Mais oui d'accord, ce conflit déborde sur l'Occident.



Au cumulé, depuis les années 1980, soit presque 40 ans, les attentats ont fait, je n'ose pas dire à peine, 200 morts en France. Mais ils nous touchent parce que chacun peut s'estimer menacé et du fait de leur hyper médiatisation. Notre extrême sensibilité vient du fait que la mort est de moins en moins présente en Occident. Elle se cache, on ne la montre pas, elle sort de l'espace public. Elle est réservée à l'hôpital. Dans le même temps, depuis la guerre d'Algérie, nous avons été protégé des guerres. 14-18, c'était 1000 morts par jour. L’Algérie, c'était 10 par jour. L’Afghanistan, moins d'une centaine en tout mais chaque décès a paru insupportable. C'est un mouvement général. Contrairement à ce que les séries policières montrent, nous sommes inclus dans un mouvement historique de baisse de la violence. Le nombre de meurtres diminuent régulièrement depuis un siècle.



Il y a donc un positionnement difficile à trouver. Bien sûr quitter l'irénisme qui a été souvent le nôtre depuis 1989 mais en même temps éviter la paranoïa. Je comprends bien que dire à nos concitoyens qu'ils doivent retrouver une certaine sérénitéest un discours difficile à tenir !



4 - Etat d'urgence et réforme de la constitution.



Alors comme dirait Lénine, Que faire ?



Je ne crois pas qu'il faille réformer autrement que sur des points de détail l'arsenal législatif. Il faut déjà appliquer la législation en vigueur. Or, nous avons vécu, depuis au moins une génération, une dérive de la fonction dirigeante en France. Aujourd'hui, les gouvernements répondent à chaud aux événements, les yeux rivés sur les enquêtes d'opinion. On conçoit le rôle d'un ministre comme celui de faire des réformes. Il faut faire des lois, des lois qui se superposent aux précédentes, des lois qui ne traitent qu'une partie de la réalité, des lois pour un groupe pas pour l'ensemble de la société. Or, la fonction essentielle d'un ministre, c'est de diriger son administration, de la commander et de la faire agir ! En un mot : c'est de gouverner. Limitons nous à cela et le parlement retrouvera comme par miracle des compétences et une audience. Nous n'avons pas en France de problème de structure mais des problèmes de pratique des institutions.



Maintenant, il est vrai que nous connaissons une pénétration continue du droit européen, que ce soit par la transposition des lois adoptées par les instances européennes que par la jurisprudence des différentes cours de justice. Or, il s'agit avant tout du droit anglo-saxon qui repose sur d'autres bases que le nôtre. Si ce droit donne beaucoup de droits et de protections à la défense, il en donne aussi à l'accusation mais les transferts auxquels nous assistons ne touchent hélas que ce premier domaine, d'où une situation de plus en plus déséquilibrée.



J'en viens à l’État d'urgence. Il est normal dans une démocratie de prévoir les situations exceptionnelles. Notre constitution a été conçue à une époque de crise politique intense, la décolonisation, les menaces de coup d’État etc. Mais finalement, le général de Gaulle en 1961 n'a pas ressenti le besoin de réformer les textes en vigueur, il s'en est bien contenté. Je suis donc assez réservé sur la réforme constitutionnelle en préparation, comme sur toutes les réformes constitutionnelles engagées depuis 20 ans qui sont mal pensées et dont on a mal évalué les conséquences (le quinquennat par exemple). Il y a peut être un toilettage à faire, des changements techniques mais sans doute pas une extension telle qu'on nous l'annonce. Et puis cela me plaît bien par exemple que le parlement soit appelé très régulièrement à se prononcer sur la prolongation. C'est une garantie pour la démocratie même si c'est le parlement qui a voté en 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.



Donc pas besoin de nouvelles lois, ni de réforme constitutionnelle. Pas besoin non plus d'une Garde Nationale. Au passage, celle des États-Unis fonctionne mal. En France, elle existe déjà c'est la réserve opérationnelle des Armées (25000 hommes et femmes, j'arrondis les chiffres) et de la Gendarmerie (25000 hommes et femmes). Elle possède le grand bénéfice d'être totalement intégrée aux forces, ce qui fait que les réservistes peuvent venir remplacer leurs camarades de l'active dans les tâches quotidienne afin de libérer des effectifs pour des tâches plus dures ! Le seul souci, c'est que cette réserve est sous-budgétisée et qu'on a préféré former des jeunes moins chers mais moins opérationnels que de garder des réservistes plus âgés, plus gradés, plus opérationnels mais payés davantage.



Dans le même ordre d'idée, on a transféré les réservistes de la Gendarmerie mobile, qui effectuaient des tâches de surveillance ou de sécurisation, à la Gendarmerie départementale afin d'avoir plus de monde au bord des routes pour verbaliser. Dans le même temps, on a diminué les effectifs de l'active (suppression de postes dans les brigades et dissolution de 15 escadrons de Gendarmerie Mobile) avec l'idée que les réservistes viendraient boucher les trous. Et on se rend compte aujourd'hui que nous aurions besoin d'effectifs pour surveiller des installations sensibles, les sites classés Seveso par exemple.



Les réserves « opérationnelles » sont pourtant une des solutions au problème, avec les autres forces de sécurité, les pompiers, les réseaux médicaux etc. Non seulement sur un plan concret, pouvoir mobiliser beaucoup de mode en cas de crise, organiser une relève mais aussi sur un plan symbolique et moral. Les "réservistes" au sens large, qu'ils soient pompiers volontaires, personnels de santé, militaires ou gendarmes, contribuent à associer étroitement les citoyens à la sécurité commune. Le jeune JSP par exemple ou le jeune gendarme réserviste ne sont plus des anonymes, ce sont le fils des voisins.



Dans la série, il n'y a pas besoin de lois nouvelles : tout existe en l'état, il y a la réserve communale de sécurité civile. Les communes les plus importantes peuvent, en parallèle des pompiers, organiser des volontaires formés afin de donner à la mairie des moyens d'action en situation de crise : catastrophes naturelles par exemple. Rares sont les maires au courant de ces dispositions et parmi les grandes villes seule Lyon l'expérimente. Il faut savoir que le maire possède des pouvoirs dans ce domaine mais aussi des responsabilités que de nombreux procès sont venus hélas rappeler. Or, les conseils municipaux sont souvent démunis. De la même manière, chaque conseil municipal, le jour de son installation, doit nommer un correspondant défense / sécurité. Un réseau existe sous la responsabilité du délégué militaire départemental. Mais faute de moyens, celui-ci n'a jamais vraiment été développé, si ce n'est pour faire passer de l'information ou sensibiliser les communes sur le parcours citoyen.



Aujourd'hui, on n'arrête pas de parler de réserves citoyennes. Il y a un abus de langage, tout doit être « citoyen »... La réserve citoyenne, au sens strict, est constitué de civils qui bénévolement jouent un rôle dans le lien armée – nation. Mais chaque ministère dont l’Éducation Nationale, d'une manière d'ailleurs assez obscure, cherche à constituer la sienne. Ainsi, l’Éducation Nationale labellise, selon des procédures pas très claires des gens ou des associations, mais les enseignants n'ont pas accès aux listes. Ils doivent passer par l'institution (direction, inspecteurs) qui choisissent à leur place un intervenant. Ma peur c'est qu'à terme, les enseignants soient obliger de passer uniquement par cette voie...



Conclusion : Ouverte.





La mort du soldat : Le sacrifice du héros dans la littérature et dans la vie du lieutenant colonel Driant






Introduction : Mort de l'écrivain, mort de l'auteur.

1 - La mort dans les romans de Driant.

1.1 - La mort individuelle.

1.2 - La mort de masse.

1.3 - La disparition du corps.

2 - La mort du personnage chez Driant.

2.1 - Mort du traître / mort rédemptrice.

2.2 - La mort dans le camp retranché.

2.3 - La mort historique.

3 - Driant et sa mort.

3.1 - Driant a-t-il la préscience de sa mort ?

3.2 - 22 février 1916 - Une mort comme dans ses romans.

3.3 - Où est passé Emile Driant ?

Conclusion : Le seul véritable écrivain combattant ?



Introduction : Mort de l'écrivain, mort de l'auteur.



Depuis l'invention de l'écriture, la mort du héros est devenue un lieu commun de la littérature mondiale. Pensons à la Bible, à la Mahabharata ou à l'Iliade et bien sûr, un peu plus tard, à la Chanson de Roland. Emile Driant n'est bien entendu pas le premier à mourir sur le champ de bataille, ni même le premier écrivain - soldat. Depuis César, Brantôme, Alfred de Vigny ou même Napoléon, le type du militaire lettré est en effet presque devenu aussi fréquent que celui du diplomate romancier. En revanche, bien peu d'entre eux peuvent se targuer d'avoir autant de fois raconté symboliquement leur mort. Dans sa biographie consacrée à Roland Barthes, Tiphaine Samoyault cite deux phrases de Michel Schneider qui s'appliquent magnifiquement à Driant : "Il faut donc lire les livres que les écrivains ont écrits : c'est là que leur mort est racontée. Un écrivain est quelqu'un qui meurt toute sa vie, à longues phrases, à petits mots."3







Il n'est quant même pas anodin pour un auteur d'inventer un héros qui porte pour nom une anagramme de son propre patronyme : Driant / Danrit. Et au-delà du procédé littéraire, assez classique, ce procédé ouvre à lui seul la réflexion du soldat sur son propre destin. De 1888 à 1916, dans de nombreux romans, le gendre du général Boulanger aura donc plusieurs fois prophétisé sa disparition. Dans sa tranchée, seulement quelques jours avant le déclenchement de la bataille de Verdun, il corrigeait encore les épreuves de la réédition des Robinsons Souterrains remis au goût du jour sous le nom de Guerre Souterraine4. Le 20 février 1916, dans une lettre très lucide à sa femme, il annonçait, il décrivait même précisément l'attaque allemande à venir sur le bois des Caures. Il est encore rassurant pour lui et pour ses hommes car il a confiance en sa Baraka. Mais le lieutenant colonel vient d'alerter le gouvernement et surtout l'Etat Major sur les faiblesses du dispositif français. Comment ne pas imaginer qu'il pense alors à la possibilité de sa mort prochaine dans le déchaînement de fer et de feu qu'il pressant. Or, cette question n'est pas absente des romans, elle est même fréquemment abordée. Le lieutenant Danrit, son double littéraire, y pense constamment dans La Guerre de Forteresse5. Et Driant n'a pas combattu que dans les livres. Au début de sa carrière militaire, il a conduit de dangereux raids de cavalerie en Tunisie. Ce sentiment ne devait donc pas lui être totalement étranger. Dans le cas de Barthes, Tiphaine Samoyault affirme que : "La mort d'un écrivain n'est pas vraiment la suite logique de son existence. Elle ne se confond pas avec la mort de l'auteur"6. Mais pour Driant, on pourrait justement écrire l'inverse.



1 - La mort dans les romans de Driant.



C'est une évidence qu'écrivant pour les jeunes et les moins jeunes des romans sur la guerre, Danrit en soit venu de manière obligée à évoquer le thème de la mort. Le contexte patriotique de l'époque l’y pousse. Mais de manière inattendue - ce qui relativise considérablement son « militarisme » - il n'appelle pas à la Revanche contrairement à Déroulède. Il décrit en effet systématiquement des conflits défensifs. Il annonce une attaque ennemie imprévue (selon les cas allemande, anglaise, africaine, asiatique...) et la réaction d'une jeunesse que d'autres imaginaient dégénérée mais qui se lève en masse et se sacrifie pour la liberté.



1.1 - La mort individuelle.



Si le héros ou ses camarades meurent au combat, certains sont emportés par la maladie. Très souvent dans les romans de Driant, le personnage central se double d'un meilleur ami. Or, dans Au dessus du continent noir7, celui-ci meurt à la fin du récit. Atteint de la tuberculose (autre lieu commun littéraire), il se sacrifie à l'occasion d'un raid aérien sans retour. Mais déjà, dans L'Invasion noire, le scientifique qui va sauver la France grâce à ses gaz de combat, s'éteint comme plus tard Marie Curie pour avoir, trop longtemps et en connaissance de cause, manipulé des substances dangereuses8. La mort possède donc une fonction d’exemple et un pouvoir de transmission. Le grand-père du héros des Robinsons souterrains, ancien officier du Génie en 1870, meurt de vieillesse dans Metz occupée mais après avoir passé sa foi en la France et les plans de la forteresse à son petit-fils.

Dans les Robinsons sous-marins9, le héros, officier terrien, est un ami proche du capitaine d'un sous-marin expérimental qui l'invite à une croisière en mer. Celle-ci tourne à la catastrophe. Driant s'intéresse en effet beaucoup aux désastres maritimes et aériens contemporains et les romans en questions sont d'ailleurs tous dédiés aux disparus. L'idée des Robinsons de l'air part d'ailleurs d'un fait réel : la perte du « Patrie », le premier ballon opérationnel de l'armée française, stationné à Verdun et qui, suite à une tempête, s'est retrouvé en... Irlande10. Ce n'est donc pas seulement une source d'inspiration pratique, Driant veut vraiment rendre hommage à ces pionniers, des pionniers qu'il suit et qu'il connaît parfois personnellement depuis son passage au cabinet du général Boulanger. Celui-ci, ministre de la Guerre, avait en effet donné un appui décisif à la création du centre d'aérostation militaire de Meudon. Commandant du 1er bataillon de chasseurs à pied de Troyes au tournant du siècle, c’est-à-dire à l’époque des « Faucheurs de marguerites », le commandant Driant se trouve ensuite dans une position idéale pour suivre les expérimentations relatives au plus lourds que l'air qui sont très nombreuses en Champagne et en Île de France. Après le sous-marin et le ballon, il consacre donc le roman suivant, L'aviateur du pacifique11, à l'aéroplane à moteur : un ouvrage prophétique qui voit les flottes japonaises et américaines s'affronter autour de l'îlot de Midway après une attaque brusquée de l'empire du Soleil Levant sur Hawaï... Driant se serait-il vu dans la peau de ces premiers ballonniers et aviateurs ? Sans doute.








Mais pour un militaire de la même génération que le maréchal Lyautey et autant que lui conscient du Rôle social de l'officier, la première expérience de la mort c'est d'abord celle de ses subordonnés. Danrit en fait l'expérience lorsqu'il perd son meilleur sous-officier, le sergent Mauborgne12. Ces morts, il faut les relever, les retirer du champ de bataille, les identifier et les inhumer. C'est la terrible mission que Müller et Harzel, les héros Au dessus du continent noir13, doivent accomplir après une terrible embuscade. Ils découvrent malheureusement le massacre complet de leur avant-garde mais sans pouvoir retrouver le corps de leur ami, le lieutenant Dubrac, tombé le sabre à la main.

Pour donner corps au récit, Driant n'hésite pas à sacrifier dans un livre le héros d'un autre ouvrage. Ainsi, dans l'Invasion Jaune, il faire mourir à son poste de gouverneur de l'Asie centrale russe, celui qui tel Michel Strogoff avait été le messager d'Ordre du Tsar14. Pire, il disparaît avec sa femme et son enfant alors que leur histoire sentimentale constituait la trame du premier roman. Ce procédé permet à Driant d'affirmer ce qui était déjà son projet lorsqu'il dédicaçait son premier livre à Jules Verne, à savoir que ses romans ne devaient pas être pris isolement les uns des autres. Comme la Comédie humaine de Balzac, son œuvre est en effet une série et La Guerre de demain, le titre de sa première trilogie, un projet global.



1.2 - La mort de masse.



Driant qui suit de près l'actualité internationale, transpose dans ses livres les assassinats commis à Pékin par les Boxers, les crimes de guerre attribués aux Japonais en Extrême Orient et même les premiers exemples de Kamikazes. Juste quelques années avant les génocides de l'empire ottoman (Arméniens, Kurdes, Grecs, Araméens...) et les tueries des guerres balkaniques (1911-1912), l'officier-écrivain anticipe, par exemple dans L'Invasion jaune, les massacres de masses de civils et notamment d'Occidentaux qui n'étonnent hélas plus le lecteur d'aujourd'hui15. Il a anticipé la grande révolution du XXe siècle, c'est-à-dire le renversement du ratio des pertes entre militaires et civils (90-10 en 1914-1918, 50-50 en 1939-1945, 10-90 aujourd'hui). Il se met aussi à la place des prisonniers qui attendent leur trépas (les personnages centraux d'Au dessus du continent noir et de l'Invasion Noire sont prisonniers et menacés des pires supplices). Bien sûr, les tueries sont parfois plus proches de l'imagerie d'Epinal que de la réalité historique. Ainsi, l'exécution des Européens dans l'Invasion Jaune est exactement calquée sur celle des premiers chrétiens par Néron, en tout cas de la version qu'en donnent les premiers romans péplums du XIXe siècle.









Bons connaisseurs des évolutions technologiques, Driant n'attend pas Pétain pour en tirer les conséquences. Il est évident pour lui que le feu tue et tuera. Pour lui, la guerre moderne est bien une guerre de masse et une guerre industrielle. Dans les deux invasions, noires et jaunes, il conceptualise même la constitution d'armées de plusieurs dizaines de millions d'hommes. Les premiers tomes, intitulés « Mobilisation », sont même consacrées à leur organisation et à leur concentration. Et tout naturellement, lors de l'affrontement, les pertes sont effroyables. Hélas, cela a conduit les commentateurs contemporains à commettre une grave erreur d'interprétation quant aux idées de Driant. Certains auteurs ont en effet cru voir chez l'écrivain une forme de pré-fascisme, par exemple lorsqu'il raconte la destruction de l'armée noire, gazée sous les murs de Paris (anticipation pour d’autres de la force de frappe). N'était-il pas le gendre du général Boulanger ? Certes Driant est porteur des préjugés de son temps (racisme, antisémitisme...) mais une telle analyse est forcément anachronique. On juge Danrit en fonction d'une histoire et d'idées qui lui sont postérieures alors qu'il se contente d'expliquer que les moyens modernes de destruction entraîneront des millions de morts. Cinq années plus tard, hélas, 1914 lui donnera raison !


1.3 - La disparition du corps.



Comme Jules Verne, Emile Driant est passionné par la mer. Ses héros sont donc systématiquement des officiers, des ingénieurs ou des marins. La Méditerranée occupe en priorité ses pensées, comme le prouve les fréquentes descriptions des côtes tunisiennes qu'il adore. Mais l'Océan est aussi un lieu de perdition. Ne dit-on pas qu'il existe trois catégories d'hommes : ceux qui sont vivants, ceux qui sont morts et ceux qui sont perdus en mer... Dans les Robinsons sous-marins, les pages où le héros découvre son ami mort mais resté jusqu'au bout au commande du vaisseau, sont à la fois très émouvantes et très irréalistes. Le thème et l'image sont classiques, courants dans la littérature de l'époque et donc facilement accessibles au public et notamment aux plus jeunes. Driant n'innove en effet pas sur la forme. Il suit les schémas classique tant sur cette question que sur d'autres (le rapport homme / femme, la sexualité, l'Orientalisme...) En tout cas, l'absence du corps revient sans cesse dans ses écrits. Les marins ne sont pas les seuls concernés car c'est aussi le cas des soldats des troupes coloniales, par exemple ceux qui sont massacrés au début de l'Invasion noire. L'Afrique n'est-elle pas un autre océan et la conquête coloniale une autre forme de voyages de découvertes ? Driant connait bien certains des grands explorateurs français. Le colonel Baratier, qui fut à l'initiative du fameux raid à travers le Bahr-el-Ghazal au cours de la mission Marchand, est un de ses amis et il lui dédie d'ailleurs Au-dessus du continent noir16.









2 - La mort du personnage chez Driant.



Il y a chez Driant un héros original en la personne du lieutenant von Pleifke17. Son journal de guerre romancé raconte la même histoire que celle de La Guerre de forteresse18, où apparaît pour la première fois le personnage de Danrit, mais du côté allemand. La guerre est ainsi vécue selon deux points de vue et des deux côtés du front. Mais le Leutnant meurt à la fin et c'est d'ailleurs la découverte de son carnet taché de sang qui est à l'origine du récit (un tour de passe-passe littéraire sujet à un grand avenir). Danrit, au contraire, est promu capitaine... Le parallélisme n'est donc pas total mais il a permis à l'écrivain-soldat d'envisager la mort de l'autre. C’est pourquoi, dans l'Invasion Jaune, il imagine même la fin héroïque de Guillaume II lors d'une charge à la tête de la cavalerie allemande ; mais il est vrai que l'empereur est alors virtuellement l'allié de la France contre l'ennemi asiatique19. Driant qui est un bon connaisseur de l'armée allemande (il a suivi les manœuvres de 1906 qui lui ont donné la matière de Vers un nouveau Sedan20) déteste en effet beaucoup plus la perfide Albion que l'aigle germanique. Dans ses romans, il ne laissera ainsi jamais un Anglais mourir d'une manière désintéressée...



2.1 - Mort du traître / mort rédemptrice.



Mais si von Pleifke est un ennemi qui écrit son journal pour une amoureuse restée au pays, par bien des aspects c'est un double positif de Danrit. D'autres personnages, en revanche, sont clairement des traîtres. Dans le premier tome de La guerre de demain21, le capitaine Driant voit le confit depuis le fort de Liouville, un fort des Hauts-de-Meuse qu'il connaît bien pour y avoir été affecté à sa sortie de Saint-Cyr. Les péripéties du roman sont pour l'essentiel des déductions logiques de la topographie des lieux et de la doctrine militaire enseignée alors aux jeunes officiers. Il cite d'ailleurs assez souvent les manuels que chacun devait connaître par cœur et appliquer. Le siège dure et après les premières pertes sévères, arrivent des tentatives de désertion. Danrit raconte donc de manière implacable la tenue d'un conseil de guerre et la condamnation à mort d'un soldat français. Mais il n'imagine pas les punitions pour l'exemple et les exécutions pour une broutille qui seront hélas souvent prononcées au début de la vraie guerre. Il serait d'ailleurs intéressant de chercher ce que le lieutenant colonel a pu penser de ce genre de choses entre 1914 et 1916 et si ses propres chasseurs ont effectivement encouru des poursuites. Dans le roman, l'histoire est implacable et les délais respectés mais face à un président de jury d'active soucieux d'accélérer les choses, l'auteur place un officier de réserve, juge dans le civil, qui défend autant qu'il peut l'accusé et obtient au moins que la procédure soit respectée. La position de Driant est donc moyenne, il ne fait pas l'apologie du conseil de guerre, il semble même en montrer les faiblesses, mais face au danger de l'invasion il n'en condamne pas l'usage. C'est pour lui chose normale !

Dans L'Invasion noire puis dans La Guerre fatale22, apparaît le thème classique de l'espion. C'était une chose nouvelle dans le premier cas. Driant travaillait déjà au roman quand a commencé l'affaire Dreyfus ; d'où peut-être l'idée de faire du traitre un juif. Mais dix ans plus tard, lorsque cet anglophobe travaille à la trilogie qui va voir la France débarquer au Royaume-Uni, l'espionnite est devenue une maladie courante. On voit des espions partout et Bruxelles en est une des plaques tournantes. N'oublions pas que le jeune officier a travaillé jadis au cabinet d'un ministre de la guerre, son futur beau-père Boulanger, et que celui-ci n'était pas l'idiot raillé par Clemenceau. Il en parle de manière implicite dans La Guerre de forteresse lorsqu'il évoque les polémiques sur l'offensive, la défensive, l'offensive-défensive. Boulanger est, en effet, le premier depuis 1870 à faire étudier des plans d'offensive. Or, on sait aujourd'hui que le ministre fut à l'origine d'une relance complète de nos services à la frontière nord-est23. Driant qui a rencontré, lors de son passage rue Saint-Dominique, tout ce qui se faisait de mieux dans le domaine des nouvelles technologies militaires, a pu aussi être initié à la question du renseignement24.

Le traitre de La guerre fatale est un officier français (Esterhazy ?) mais, contrairement à celui de L'Invasion noire, il n'a pas directement de sang sur les mains. L'autre, au contraire, a tué un ingénieur français et, amoureux de la même femme, il veut la mort du héros retenu prisonnier par le sultan de Constantinople, chef de l'armée noire. Aussi meurt-il d'une manière abominable. L'espion d'Au dessus du continent noir, Oswald, est un ancien officier de la Légion Etrangère pour qui aucune sortie honorable n'est permise. Celui de La Guerre fatale se voit au contraire offert une possibilité de rédemption. Réengagé comme simple soldat dans un bataillon de chasseurs, il tombe en héros sur les plages anglaises. De manière assez surprenante, Driant a été amené à changer d'avis sur l'un de ses personnages. Dans Les Robinsons souterrains, son dernier ouvrage qui se déroule à l'occasion d'un hypothétique siège de Metz par les Français, le renégat est un instituteur anarchiste qui pose une bombe pour faire s'effondrer le tunnel creusé par les assiégeants25. Le romancier vient alors d'achever son cycle "politique"26. Comme député, il a violemment combattu le projet d'Armée nouvelle de Jaurès (qui apparaît comme le leader de l'abandon dans L'Invasion jaune où Driant décrit les débats parlementaires qui suivent les débuts de l'attaque japonaise) et il s'est beaucoup intéressé au phénomène syndical. Dans le dernier robinson, il brosse donc une caricature du traitre qui cumule tout ce que l'officier déteste : un anarchiste, un révolutionnaire, un instituteur, un apatride, un internationaliste etc. Personnage qui bien entendu ne peut pas réellement exister dans un seul homme ! Aussi, dans l'ambiance de l'Union Sacrée, lorsque Driant dans son abris réécrit le roman en y intégrant les premiers effets de la guerre des mines (Vauquois n'est pas très loin de Verdun), il gomme la qualité d'enseignant du traitre. Beaucoup d'instituteurs et de professeurs ont fait leur devoir en 1914, mieux ils ont permis de renouveler le stock de chefs de sections d'une armée décimée par les premiers combats. L'officier de métier se doit de payer sa dette aux réservistes. Du méchant ne reste plus finalement qu'un simple espion, allemand caché.

Il n'y a qu'une mort dont Driant ne parle pas, en tout cas pas dans ses livres, c'est celle des suicidés. En 1891, Boulanger s'est pourtant supprimé en Belgique, sur la tombe de sa maîtresse. Cela voudra un bon mot de Clemenceau qui, oubliant le rôle qu'il a joué dans la carrière du général, dira qu'il était mort comme un sous-lieutenant. Pourtant, l'officier a souvent défendu la mémoire de son beau-père dans les journaux, ce qui lui a d'ailleurs valu des sanctions disciplinaires qui n'ont pas arrangé son déroulement de carrière.



2.2 - La mort dans le camp retranché.



Le schéma le plus fréquent néanmoins est celui du héros qui commande une petite unité, se retrouve assiégé et meurt au milieu de ses hommes. Cela aurait pu être le cas du lieutenant Danrit au fort de Liouville dans La Guerre de forteresse. C'est celui de plusieurs officiers dans L'Invasion noire. Le courrier du Tsar manque lui aussi de périr de la sorte mais heureusement l'intervention inopinée d'un ballon français le sauve du pire. Parfois le combat est transféré sur mer. Henri d'Argonne, jeune officier de marine de La guerre fatale, s’oppose par exemple avec la dernière énergie aux croiseurs britanniques avec sa maigre flottille de torpilleurs. La scène la plus troublante se trouve cependant dans Au-dessus du continent noir. Le capitaine Frisch, qui dirige l'avant garde de la colonne française, à deux jours de marche du gros de la troupe, est réduit à conduire un combat sans espoir, encerclé par un ennemi bien supérieur en nombre. Ce récit, inspiré de la révolte du Mahdi au Soudan et du siège de Khartoum, fait obligatoirement penser au lieutenant Colonel de 1916 qui, au milieu de ses deux bataillons de chasseurs, attend l'assaut allemand et sait qu'il va subir le premier choc afin qu'un deuxième rideau défensif puisse peut-être ensuite bloquer l'ennemi.



2.3 - La mort historique.



Si Emile Driant n'a pas évoqué son beau-père, il est un autre général, devenu empereur celui-là, qui revient souvent, par allusion, dans les romans de Danrit : Bonaparte. Le grand-père de l'officier de chasseurs l'avait vu passer près de Reims en 1814 et, tout naturellement, la scène revit au début de La guerre de forteresse dans la mémoire du lieutenant du fort de Liouville. Mais dans Evasion d'empereur27, roman violement anti-anglais, il imagine une autre fin à l'Histoire. Le fils de Pascal Paoli (quel retournement) organise une mission de secours qui grâce à un sous-marin parvient à faire échapper l'empereur de l'Île d'Elbe28. Mais imagine-t-on l'empereur finir sa vie comme planteur en Virginie ? Non, comme Némo, il affronte les britanniques avec son sous-marin et s'abîme dans les flots. Mort historique !



3 - Driant et sa mort.



Seulement quelques années plus tard, le lieutenant colonel Driant est au front. La mort n'est plus une figure littéraire. C'est celle de ses soldats et c'est potentiellement la sienne qui est en cause.



3.1 - Driant a-t-il la préscience de sa mort ?



Le 20 février 1916, à la veille du déclenchement de la bataille de Verdun, alors qu’il vient de recevoir la visite de Joffre, l'officier adresse à sa femme un dernier courrier où il se montre résigné quant à son sort. Il est bien placé pour savoir ce que lui et surtout ses chasseurs vont subir dans les heures qui suivent :



« Je ne t'écris que quelques lignes hâtives, car je monte là-haut, encourager tout mon monde, voir les derniers préparatifs ; l'ordre du général Bapst que je t'envoie, la visite de Joffre, hier, prouvent que l'heure est proche et au fond, j'éprouve une satisfaction à voir que je ne me suis pas trompé en annonçant il y a un mois ce qui arrive, par l'ordre du bataillon que je t'ai envoyé. A la grâce de Dieu ! Vois-tu, je ferai de mon mieux et je me sens très calme. J'ai toujours eu une telle chance que j'y crois encore pour cette fois29. Leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peut encore reculer de plusieurs jours. Mais il est certain. Notre bois aura ses premières tranchées prises dès les premières minutes, car ils y emploieront flammes et gaz. Nous le savons, par un prisonnier de ce matin. Mes pauvres bataillons si épargnés jusqu'ici ! Enfin, eux aussi ont eu de la chance jusqu'à présent … Qui sait! Mais comme on se sent peu de choses à ces heures là. »



Mais comme on se sent peu de choses à ces heures là. Driant reprend sinon les mots, du moins l’esprit de La Hire (1390-1443), compagnon fidèle de Jeanne d’Arc qui, sur son lit de mort, affirmait à son confesseur : « J’ai fais tout ce qu'un soldat a l'habitude de faire et, pour le reste, j’ai fais ce que j’ai pu ! C’est effectivement l’heure de la confession. Mais consciemment ou non, l'officier reprend les premières pages de La Guerre de Forteresse où il disait déjà avoir toujours eu beaucoup de chance. Officier de zouaves, il s'était en effet fait remarquer au début de sa carrière par des chevauchées brillantes et risquées en Tunisie.



3.2 - 22 février 1916 - Une mort comme dans ses romans.



La mort n'est plus un roman. La journée du 22 février 1916 peut en effet être suivie presqu'à la minute grâce aux journaux de marche des deux bataillons mais il ne s'agit plus de littérature30. La préparation d'artillerie terrible commence dans la nuit, déchiquetant les corps et les positions. Au matin, une première attaque allemande est repoussée ; c'était un test pour connaître les capacités de résistance des français. Le bombardement reprend puis plusieurs colonnes allemandes s'avancent vers ce qui reste des lignes tenues par les chasseurs. Ceux-ci tiennent bon mais, avec les pertes, des espaces se créent dans la liaison avec les unités voisines. En cas de nouvel assaut, la ligne peut être enlevée d'un coup. Dans sa casemate de commandement, le chef de corps demande donc leur avis à ses subordonnés sur la conduite à tenir : s'accrocher au terrain coûte que coûte et avec esprit de sacrifice ou essayer de regrouper les survivants plus en arrière sur une position tenable et sur laquelle des renforts pourront arriver. Contrairement au capitaine de carrière qui entraîne Alain-Fournier dans un assaut inutile et fatal31, l'héroïsme n'est pas chez Driant synonyme de veulerie. De manière très professionnelle et responsable, il tranche pour la deuxième solution. Il ordonne le repli et attend que tous ses hommes, quelques dizaines au plus, soient passés pour reculer à son tour, le dernier. On le voit sauter de trou en trou, un fusil à la main puis plus rien ! Cette fois aucun ballon n'est venu au dernier moment sauver Danrit.



3.3 - Où est passé Emile Driant ?



Driant est d'abord porté disparu. Ce n'est pas le seul. La violence des combats et surtout du bombardement du bois des Caures expliquent pourquoi il y a eu si peu de pertes déclarées : la 7e compagnie du 56e bataillon de chasseurs communique ainsi 2 morts, 4 blessés et 130 disparus sur 150 hommes engagés au matin de la bataille. Mais le colonel n'est pas n'importe qui. Homme politique, romancier, soldat, il est connu dans le monde entier : en Angleterre et en Allemagne où ses ouvrages ont été traduits mais aussi aux Etats-Unis où il publie dans des revues. Il était de surcroît en contact avec des personnalités importantes de la Belle-Epoque, la famille de Bourbon-Parme par exemple (liés aux Habsbourg d'Autriche-Hongrie, ils auraient prévenu Driant de la date de l'attaque allemande...). Les médias s'emparent de l'affaire. Comme les marins ou comme les soldats de la coloniale de ses récits, il est d'abord disparu, c'est-à-dire ni vivant, ni mort. Les semaines passent puis la confirmation vient d'outre Rhin. Der oberst Driant ist gestorben ! Il a été reconnu, des témoignages de certains de ses soldats confirment d'ailleurs la version allemande. Il a été inhumé sur le champ de bataille avec les honneurs militaires. Après la guerre, sa fille viendra reconnaître le corps qui sera juste déplacé de quelques mètres. Driant passe de l'Histoire à la Mémoire ; il devient une rue, une place ; le romancier s'efface peu à peu.







Conclusion : Le seul véritable écrivain combattant ?



Emile Driant a-t-il eu la préscience de sa mort ? Au-delà de l’anecdote du dernier courrier à sa femme, la puissance de feu ennemie de la Guerre de Forteresse annonce la préparation d’artillerie au bois des Caures et le camp retranché d’Au dessus du continent noir préfigure évidemment le dernier combat de l’écrivain soldat. C’était le premier et l’avant dernier roman. Plusieurs associations entretiennent aujourd'hui la mémoire des écrivains combattants tel Maurice Genevoix. On oublie pourtant Driant auteur parce que son œuvre est antérieure au conflit et qu’il n’a pas écrit sur les combats, pas de romans en tout cas. Alain Fournier qui est lui aussi tombé en Meuse est en revanche fréquemment évoqué alors qu’il n’a évidemment plus produit une ligne. Le colonel reste cantonné au bois des Caures et aux chasseurs alors qu’il avait beaucoup écrit sur cette guerre… avant la guerre. On dit souvent que tel ou tel auteur a du choisir entre la vie et l’écriture et bien Driant aura écrit sa vie et sa mort et il aura vécu ses livres.





Annexe - Principales œuvres du capitaine Danrit.



- La guerre de demain (Flammarion, 1888-1893, 6 volumes, 3 parties: "La guerre de forteresse", "La guerre en rase campagne", "La guerre en ballon")

- La guerre au XXe siècle; L'invasion noire (Flammarion, 1894, 3 parties: "Mobilisation africaine", "Le grand pèlerinage à la Mecque", "Fin de l'Islam devant Paris")

- (avec de Pardiellan), Le journal de guerre du lieutenant von Pleifke, 1896

- Jean Tapin (Série "Histoire d'une famille de soldats", I, Delagrave, 1898)

- Filleuls de Napoléon (Série "Histoire d'une famille de soldats", II, Delagrave, 1900)

- Petit Marsouin (Série "Histoire d'une famille de soldats", III, Delagrave, 1901)

- Le drapeau des chasseurs à pied (Matot, 1902)

- La guerre fatale (Flammarion, 1902-1903, 3 volumes, 3 parties: "A Bizerte", "En sous-marin", "En Angleterre")

- Evasion d'empereur (Delagrave, 1904)

- Ordre du Tzar (Lafayette, 1905)

- Vers un nouveau Sedan (Juven, 1906)

- Guerre maritime et sous-marine (Flammarion, 1908, 14 volumes)

- Robinsons de l'air (Flammarion, 1908)

- Robinsons sous-marins (Flammarion, 1908)

- L'aviateur du Pacifique (Flammarion, 1909)

- La grève de demain (Tallandier, 1909)

- L'invasion jaune (Flammarion, 1909, 3 volumes: "La mobilisation sino-japonaise", "Haines de Jaunes", "A travers l'Europe")

- La révolution de demain (avec Arnould Galopin, Tallandier, 1909)

- L'alerte (Flammarion, 1910)

- Un dirigeable au Pôle Nord (Flammarion, 1910)

- Au dessus du continent noir (Flammarion, 1912)

- Robinsons souterrains (Flammarion, 1913, réédité sous le titre La guerre souterraine)



1 Nous désirons dédier cet article aux victimes du 13 novembre 2015.


2 Professeur agrégé et docteur en Histoire. Chercheur associé à L'Université de Lorraine - CRUHL Nancy. Centre Charles de Gaulle de Nancy. FSchwindt@ac-nancy-metz.fr.


3 Michel Schneider, Morts imaginaires, Grasset, 2003, p.17.


4 Robinsons souterrains, Flammarion, 1913.


5 La Guerre de forteresse, Flammarion, 1888.


6 Tiphaine Samoyault, Romand Barthes, Fiction et Cie, 2015, p.27.


7 Au dessus du continent noir, Flammarion, 1912.


8 L'Invasion noire, Flammarion, 1894.


9 Robinsons sous-marins, Flammarion, 1908.


10 Robinsons de l'air, Flammarion, 1908.


11 L'Aviateur du Pacifique, Flammarion, 1909.


12 La Guerre de forteresse, Flammarion, 1888.


13 Au dessus du continent noir, Flammarion, 1912.


14 Ordre du Tzar, Lafayette, 1905.


15 L'Invasion jaune, Flammarion, 1909. Cet article a été écrit avant les tristes évènements du 13 novembre 2015 qui donnent hélas corps aux anticipations de Driant.


16 Au dessus du continent noir, Flammarion, 1912.


17 Danrit / de Pardiellan, Le journal de guerre du lieutenant von Pleifke, 1896.


18 La Guerre de forteresse, Flammarion, 1888.


19 Le jeune Charles de Gaulle a lu cet épisode (comme la fin du livre où un groupe de Français réfugié en Afrique du Nord décide de continuer le combat pour la Libération de la Patrie) et il en a réécrit une nouvelle version dans un devoir scolaire, version où le "Général de Gaulle" repousse finalement l'ennemi.


20 Vers un nouveau Sedan, Juven, 1906.


21 La Guerre de demain, 3 parties: "La guerre de forteresse", "La guerre en rase campagne", "La guerre en ballon", 6 volumes, Flammarion, 1888-1893.


22 La Guerre fatale, 3 parties: "A Bizerte", "En sous-marin", "En Angleterre", 3 volumes, Flammarion, 1902-1903.


23 Gérald Sawicki, Les services de renseignement à la frontière franco - allemande – 1870-1914, Thèse de l’Université de Nancy II sous la direction du professeur François Roth, 2006.


24 Il serait d'ailleurs tout aussi intéressant de savoir si le plan de bataille, une sorte d'opération Overlord à l'envers décrit dans La Guerre fatale, correspond à une option réellement étudiée par l'Etat Major français à la fin du XIXe siècle.


25 Robinsons souterrains, Flammarion, 1913, réédité sous le titre La guerre souterraine.


26 La Grève de demain, Tallandier, 1909. (avec Arnould Galopin), La Révolution de demain, Tallandier, 1909. Plus tard, Driant répudiera ces deux romans.


27 Evasion d'empereur, Delagrave, 1904.


28 Une série télévisée de l'ORTF des années 1970, "Le soleil se lève à l'Est" commence sur un projet identique.


29 Le lieutenant Danrit tient à peu près les même propos au début de l’attaque allemande contre le fort de Liouville relatée un quart de siècle plus tôt par Driant au début de La Guerre de Forteresse.


30 Frédéric Schwindt, Subir le feu, DVD pédagogique sur la Première Guerre Mondiale, Centre Charles de Gaulle de Nancy, 2015. JMO du 56e et du 59e BCP accessibles en lignes sur le site "Mémoire des Hommes" du secrétariat d'Etat aux anciens combattants.


31 Alain Denizot & Jean-Louis, L'Enigme Alain-Fournier, Nouvelles Editions Latines, Paris 2000.