mardi 27 décembre 2011

De la question arménienne et des autres minorités aujourd’hui en Turquie.

La reconnaissance officielle du génocide arménien par la France puis la pénalisation de sa négation par le parlement français ont défrayé voilà peu la chronique avec les conséquences que l’ont sait pour les relations franco-turque. Ne parlons même pas du projet identique de la Knesset, poussé par le gouvernement Netanyahou, qui pourrait ressembler à un suicide stratégique lorsqu’on connaît l’ampleur des accords militaires entre la Turquie et Israël. L’exemple illustre parfaitement la difficulté de tenir une via media entre le discours humaniste et universaliste à la française et la realpolitik. En 1987, le parlement européen avait pourtant déjà adopté une résolution qui obligeait la Turquie à revisiter son passé avant toute discussion sur son adhésion éventuelle à ce qui n’était pas encore l’Union Européenne. Gardons-nous en effet de penser que les évènements actuels sont du seul fait du premier ministre turc et de son parti islamiste. Certes, toute l’habilité de Recip Erdogan a été de se présenter comme un modéré pro-européen alors qu’avec le soutien moral de l’Europe il vidait peu à peu l’appareil d’Etat de tous ses contre-pouvoirs. Mais sur la question arménienne et plus largement sur l’existence de toutes les autres minorités religieuses, le gouvernement turc actuel assume une parfaite continuité avec ces prédécesseurs, toutes tendances confondues, depuis Mustapha Kemal.
Depuis 1971, le séminaire grec orthodoxe d’Istanbul a été fermé et le patriarche vit quasiment assiégé dans le quartier du Phanar au milieu d’un clergé âgé qu’il ne peut plus renouveler. De 200 000 fidèles au début du XXe siècle, la communauté grecque stambouliote qui remonte pourtant à l’Empire Byzantin, est tombée à quelques milliers tout au plus. Ses églises sont peu à peu expropriées, détruites ou transformées en mosquées. Une des plus célèbres, Sainte-Irène que mêmes les califes ottomans avait laissé subsister près du palais de Topkapi, a été fermée aux chrétiens et sert à des défilés de mode…
A l’école primaire, les élèves apprennent en cours d’Histoire que les chrétiens, qu’ils soient grecs orthodoxes, syriaques ou arméniens sont des européens qui ont cherché à envahir la Turquie éternelle et qu’il est donc normal de leur demander de retourner chez eux. Le mythe de la croisade revisité ! Ils sont pourtant là depuis l’Antiquité et les Turcs seulement depuis le XIe siècle mais, pour accréditer cette vision, l’Etat organise depuis les années 1960 mais de manière accélérée depuis les années 1990 la destruction des sites historiques chrétiens. En Anatolie, les cimetières sont peu à peu expurgés des stèles chrétiennes, surtout arméniennes. Toujours la même histoire, des fonctionnaires s’adressent au maire du village et lui demandent s’il y a une église, les restes d’un monastère ou un cimetière. Quand les habitants refusent de participer, l’armée vient assurer l’évacuation ou le dynamitage. En parallèle, le même travail sur les photographies ou les études anciennes permet comme dans 1984 de faire semblant que ces choses n’ont jamais existé.
Les travaux d’aménagements hydro-électriques sont également bien pratiques car ils permettent de faire disparaître sous les eaux des sites historiques préislamiques importants alors que les mosquées seldjoukides ou ottomanes sont démontées pierres par pierres pour est reconstruites plus haut. C’est ce qui est arrivé en 1965, pourtant sous un gouvernement laïc, lors de la mise en eau du barrage de Keban dans le sud-est du pays. Mais le fait se produit actuellement dans diverses régions d’Anatolie.
Gare aussi aux historiens, archéologues et chercheurs en tout genre qui voudraient s’intéresser à la question. En 1975, Jean-Michel Thierry, un historien d’art français a ainsi été arrêté, vigoureusement interrogé et condamné à trois mois de travaux forcés pour avoir effectué les relevés d’une église arménienne près du lac de Van. Aujourd’hui, cet évènement ne pourrait pas se reproduire puisque là plupart des églises en question ont disparu ; officiellement à cause des tremblements de terre. En 1986, Mme Hilda Hulya Potuoglu a été arrêté par les forces de sécurité turques et condamnée pour « propagande portant atteinte au sentiment national ». Son crime ? Avoir dirigé la version turque de l’Encyclopoedia Britannica dont une note de bas de page indiquait, comme dans toutes les éditions parues de par le monde, que les régions montagneuses de Cilicie dépendaient autrefois du royaume d’Arménie… Réquisitions du procureur : entre 7 et 15 ans de prison. Officiellement, les Arméniens n’existent pas et n’ont jamais existé. D’ailleurs, ils doivent pour subsister aujourd’hui adopter un patronyme turc. De toute façon, il leur ait de plus en plus difficile d’accéder aux études supérieures ou à la fonction publique.
Même choses avec les Syriaques du sud-est du pays, les descendants des premiers chrétiens d’Antioche qui pratiquent encore aujourd’hui la langue du Christ, l’araméen, pour le culte et pour la vie quotidienne. Ils ont le malheur d’être installé dans une région frontière où l’on parle de nombreuses langues dont l’Arabe. Ce fait n’a pas échappé à l’Atatürk qui a décidé en 1924 de régler le problème. Le fait n’est pas récent mais il a connu un rebondissement ces dernières années. La guerre civile contre le PKK a en effet servi de prétexte pour détruire de nombreux monastères et déloger les habitants de leurs villages. Un peu comme pour les Chaldéens d’Irak, la communauté disparaît donc à vue d’œil par émigration en Europe ou aux Etats-Unis. Pire, depuis les années 90, le gouvernement a laissé s’infiltrer le Hezbollah afin de l’aider à lutter contre la rébellion kurde. Celui-ci rançonne les habitants, enlève les prêtres et forcent des jeunes filles chrétienne à épouser des musulmans. Mais attention, tout ce qu’on dit des chrétiens est aussi valable pour les minorités musulmanes notamment chiites, les Alévis par exemple qui boivent du vin et encouragent la promotion des femmes, et d’autres confessions plus difficilement classables comme les Yazidis en qui les Sunnites voient des adorateurs du diable. Le pays, comme de nombreuses zones du monde, est engagé dans un large processus d’uniformisation religieuse et d’homogénéisation culturelle.
Le problème dépasse donc largement la question de la reconnaissance du génocide arménien tel qu’on le perçoit en Occident, c’est celui d’un pays qui s’est structuré depuis un siècle autour d’un mythe fondateur, un mythe que l’école continue toujours de véhiculer, qui fait partie prenante de la mentalité collective et que toutes les forces de l’Etat essaient à présent de faire coïncider avec la réalité. C’est d’ailleurs un des rares points d’accord entre le gouvernement et l’armée. Ce mythe sert le projet du gouvernement Erdogan qui mixte le nationalisme turc traditionnel et l’islamisme et qui revient à achever l’unité du pays autour de ces deux notions que sont l’ethnicité turque et l’islam. Pour nous, transiger sur la question arménienne assurera au premier ministre turc d’aboutir en douceur, ce n’est plus la question que de quelques années, et s’opposer à ce mythe lui permettra d’aboutir encore plus vite. Grave dilemme pour nos dirigeants…

Connaissance de la Meuse - Une Histoire de la Meuse – 1492 / 1789 - (Verdun – 14 octobre 2011)


Introduction : La Meuse existe-t-elle ?

Remerciements.

Duplication Thillombois / Verdun. J’ai essayé de jouer le jeu mais je développerai un peu les exemples du nord-meusien.

Loi de réforme des collectivités territoriales et le débat sur l’hypothétique disparition des départements. Pose la question du territoire : la Meuse existe-t-elle ?

Après l’intervention de mes deux prédécesseurs et avant celle de Jean-Pierre Harbulot sur l’époque contemporaine, nous voyons bien qu’un des problèmes historique qui concerne notre région consiste à définir les territoires puisque la géographie change constamment.

Mais avant d’y revenir et d’essayer de proposer une carte, je crois que la comparaison avec les autres époques appelle déjà une réflexion sur les dates. Autant les Géographes découpent pathologiquement l’espace, autant les Historiens aiment trouver des ruptures qui servent de bornes chronologiques. 1492 et 1789, sont-elles donc pertinentes pour délimiter les temps modernes, dans notre petit espace coincé entre la Champagne et la Lorraine.

I – 1492-1789
La chronologie et le territoire : la Meuse est-elle un territoire à part ?

Je vous propose donc, dans un premier temps, de nous poser la question du temps et du territoire, ce qui sera d’ailleurs l’occasion d’envisager le problème sous un angle politique. Or, déjà, ces dates sont très discutées pour l’Histoire générale. En examinant les pratiques agricoles ou certaines mentalités, des Historiens comme Jacques le Goff pensent par exemple - et je crois avec justesse - que le Moyen comme civilisation aurait duré jusqu’au milieu du XIXe siècle voire jusqu’à 1914. Heureusement qu’on a rien changé au découpage des périodes sinon Jean-Luc Demanges et Jean-Pierre Harbulot aurait pu zapper mon intervention d’aujourd’hui…


1– 1492.

Prenons 1492. D’autres préfèrent 1453 et la chute de Constantinople. Le fait que plusieurs princes barrisiens se soient engagés pour les dernières croisades dans les Balkans, avec des conséquences terribles pour la dynastie locale - la bataille de Nicopolis (1396) a été désastreuse pour la noblesse lorraine - nous prouvent que la menace turque est peut-être meilleure pour déterminer un pallier, un passage, une frontière chronologique.

En effet, ce n’est pas parce que Christophe Colomb a mis le pied sur une île des Caraïbes que le monde en a été immédiatement bouleversé, la Lorraine encore moins même si c’est un moine géographe de Saint-Dié qui devait plus tard nommer l’Amérique du nom de l’explorateur Amerigo Vespucci.

D’un autre côté, comme le soulignait souvent le grand historien Pierre Chaunu, récemment décédé et qui était un Meusien, il était né à Belleville, l’idée de Croisade est restée longtemps très forte chez nous, au moins jusqu’à la guerre de Trente ans.

Comme nous sommes à Verdun, je profiterai de l’occasion pour faire une parenthèse sur Pierre Chaunu et lancer un appel. Deux des plus grands historiens Français du XXe siècle sont Meusiens : Fernand Braudel et Pierre Chaunu et le second a été le disciple du premier. Chaunu est sans doute celui qui a gardé le plus de liens avec la Meuse, il en parle dans de nombreux textes, notamment des champs de bataille, par exemple sa contribution aux essais d’Ego-histoire publié dans les années 80 par Pierre Nora. Emmanuel Leroy-Ladurie aussi est d’origine meusienne puisque son père était né à Saint-Mihiel mais il est heureusement toujours vivant. Il y a une place Fernand Braudel à Bar-le-Duc, sur la côte Sainte-Catherine, et le maire de Belleville a pris l’initiative d’inaugurer une plaque à son nom. Mais dans l’ensemble ces deux personnages sont assez oubliés. Lorsque Pierre Chaunu est décédé, je m’attendais à voir une nécrologie dans l’Est Républicain et comme rien ne venait j’ai pris l’initiative d’envoyer un dossier à la rédaction de Bar, ce qui a donné lieu à un article. Je crois malgré tout que Pierre Chaunu - qui a commencé sa carrière au lycée Poincaré avant de partir en Espagne, à la Casa de Velasquez où avec sa femme a révolutionné l’Histoire économique dans une célèbre thèse en 12 volumes sur Séville et l’Atlantique -, je crois que Pierre Chaunu mériterai qu’on donne son nom à un établissement scolaire… ou aux archives départementales.

Je reviens à mon propos : le mythe de la croisade. Un tableau dont nous reparlerons présente le duc Charles IV, un prince baroque s’il en est, une sorte de Condé lorrain, courageux mais piètre politique, devant un oriental lui rendant hommage. Quarante ans plus tard, en 1683, un de ses descendants devait arrêter les Ottomans sous les murs de Vienne à la tête des armées impériales, occasion pour les viennois d’inventer, par dérision, des pâtisseries en forme de croissants. Sur ce terrain, nous sommes donc plus près d’une continuité au moins dans les esprits que d’une grande rupture.

Dans les années 70, il y a eu dans l’historiographie un dialogue justement bien connu entre Pierre Chaunu et l’universitaire lorrain René Taveneaux sur ce thème de la croisade, de la frontière de catholicité et de la dorsale catholique. La Meuse appartient en effet à cette zone qui part de l’Italie et aboutie dans les Pays-Bas du sud, en Belgique, après avoir traversé le sud de l’Allemagne et l’Est de la France et qui constitue la colonne vertébrale de la Contre Réforme. René Taveneaux, ardennais, historien du Jansénisme qui avait été amené à travailler longtemps sur l’abbaye de Saint-Mihiel, professeur à l’université de Nancy, avait commencé sa carrière au lycée Margueritte de Verdun et il avait servi comme officier de réserve au nord de la Meuse en 1940. Si les deux historiens s’étaient retrouvés c’est sans doute parce qu’ils avaient une connaissance profonde et intime du terrain…

Comme vous l’avez entendu ce matin, la fin du Moyen Age a été très difficile, comme partout en Europe d’ailleurs. A l’époque de Philippe le Bel, le premier roi maudit, le traité de Bruges de 1301 a engagé le Barrois et le Bassigny dits mouvants, en gros la rive gauche de la Meuse, dans l’environnement français. Les pestes, la mort de plusieurs héritiers du duché de Bar à Azincourt, en 1415 un siècle avant Marignan, au côté du roi de France, ont de nouveau réduit à néant les espoirs de succession au duché de Bar qui échoit finalement à un ecclésiastique, le cardinal de Bar. Habilement, car il a compris que le pays devait économiser une nouvelle guerre, une guerre de succession, il engage le processus qui va amener René d’Anjou, le roi René (parce qu’il est en droit roi de Jérusalem, encore les croisades…), à la tête du pays.

L’époque qui commence est à plusieurs titres celle d’une reconstruction, politique, diplomatique grâce l’union avec la Lorraine qui sera consommée sous René II et Isabelle, et enfin économique. Elle a laissé des traces dans le patrimoine des Meusiens. J’en veux pour preuve de nombreuses églises à commencer par celle de Rembercourt. De sont vrai nom Rembercourt-aux-Poteaux, et non pas Rembercourt-aux-Pots, afin de rappeler que c’est là que se trouvait là la frontières. C’était une petite ville industrieuse dont les corps de métier ont pu financer à l’époque une quasi-cathédrale et un Hôtel-Dieu. A Saint-Mihiel, un bourgeois enrichi comme Humbelet de Gondrecourt, maître des monnaies du duc, crée quant à lui de magnifiques chapellenies à l’image de celle de Saint-Eloi en l’église Saint-Etienne.

Comme en Bretagne, la reconstruction de la fin du Moyen Age inaugure un âge d’or qui couvre ici les années 1460-1480 jusqu’à 1630, c'est-à-dire en gros jusqu’à la guerre de Trente ans. La fin du XVe siècle marque en effet une réelle transition. C’est la mort du roi René, qui était encore un prince médiéval, en 1480, l’avènement de René II, un véritable condottiere celui-là, qui défait Charles Téméraire à Nancy en 1477, puis le règne du duc Antoine qui bat les rustauds protestants à Saverne et qui passe de plus en plus de temps à Nancy qu’à Bar. Au début du siècle suivant, la production du sculpteur de Saint-Mihiel Ligier Richier marque une réelle transition. Si ses premières œuvres et ses thèmes de prédilections sont encore marqués par le Moyen Age, il fait entrer de plein pied les Meusiens dans la Renaissance.

A Verdun, la fin du XVe siècle marque aussi un changement d’ambiance. Les évêques commencent à réunir les prêtres de leur diocèse pour rédiger de nouveaux statuts synodaux. C’est à la fois une adaptation locale et pratique du droit canon et un programme d’action au sein du diocèse. On ressent donc bien avant Luther un besoin de réforme religieuse, une Réforme qui va s’épanouir largement au siècle suivant. C’est une confirmation de la thèse de Pierre Chaunu qui, il y a quarante ans, expliquait déjà que la Réforme Catholique n’était pas seulement une réponse à la Réforme protestante, une Contre Réforme donc, mais que les deux puisaient leur origine à la même source, une source très ancienne, en tout cas qui remonte bien avant le XVIe siècle.

En 1493, la première confrérie du Rosaire meusienne est fondée ici à côté à la cathédrale, signe que l’on attend désormais autre chose de la spiritualité. L’évêque a freiné un peu car l’initiative venait sans doute des dominicains. Cela prouve pourtant que la région n’est pas en retard. Le Rosaire a en effet été élaboré seulement quelques années auparavant dans les couvents dominicains de la vallée rhénane. Les monastères meusiens et surtout ceux de Verdun entretiennent une relation intense avec eux et ils diffusent autour d’eux la pensée de maître Eckhart et la dévotion moderna. Dès cette époques, les dominicains et les augustins de Verdun prêchent dans les paroisses extérieures à la ville sous une forme qui annonce déjà les missions de la Contre Réforme. Partant, ils contribuent à diffuser le nouvel esprit.

2– 1789.

Le deuxième terme chronologique pourrait paraître plus simple à déterminer tant la Révolution a marqué une rupture dans l’Histoire de France. Mais justement nous ne sommes pas en France, en tout cas pas dans un territoire français depuis longtemps : l’intégration du Barrois s’est faite en droit seulement en 1768, à la mort de Stanislas. La Meuse ressemble donc beaucoup à la Corse. D’ailleurs, une enquête réalisée il y a quelques années par le SHD, le service historique de la défense, sur les gardes du corps royaux dans les années qui précèdent immédiatement la Révolution, a montré que les deux territoires qui avaient reçu le plus de brevets étaient justement la Corse et la Meuse comme si le roi avait voulu s’attacher les petites familles nobles locales…

En effet toute n’ont pas suivies le mouvement et certaines sont restées fidèles à l’ancienne dynastie quand elles ne sont pas parties à Vienne. Pour l’anecdote, je lisais il y a quelques jours un article sur le scandale financier qui secoue actuellement l’Autriche avec son lot de corruption politique de marchés publics. Or, dans cette affaire, le porteur de mallettes est un noble autrichien d’origine lorraine.

Pour l’essentiel, le reste de la région est dans l’environnement français depuis bien plus longtemps que le Barrois. L’évêché de Verdun, qui est différent du diocèse, c’est en effet la seigneurie de l’évêque qui était aussi, rappelons-le, comte et prince d’Empire, a été annexé de force en 1552, à l’époque du roi Henri II et de la chevauchée d’Austrasie. L’annexion est devenue définitive en droit international lors des traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre de Trente ans en 1648.

Le Barrois et la Lorraine ont aussi été occupés durant toute la deuxième moitié du XVIIe siècle, les ducs étant exilé en Autriche où ils défendent d’ailleurs très efficacement, je l’ai dit, Vienne contre les Turcs.

Restauré en 1697, la dynastie quitte définitivement la Lorraine en 1737 à l’occasion d’un grand jeu de chaises musicales européennes : François II devient grand-duc de Toscane, il épouse Marie-Thérèse d’Autriche prélude à son élection comme empereur d’Allemagne, et Stanislas, roi déchu de Pologne et beau-père de Louis XV arrive à Nancy, à Lunéville et à Commercy. En titre, le duché de bar demeure indépendant jusqu’à la mort de Stanislas, en 1768, mais sa souveraineté n’est que théorique et c’est un intendant français qui gouverne la région pour le compte du roi.

Les esprits avaient été de longue date préparés à cette intégration. Ceci dit, même après 1737 et a fortiori 1768, on continue d’utiliser la monnaie locale, le franc barrois et la livre de Lorraine et non pas la livre de France. Les choses sont donc beaucoup plus compliquées qu’on ne le croit.

3– Des « pays » meusiens.

Reste maintenant à définir ce qu’on appelle la Meuse. Le problème reste entier pour les historiens actuels qui doivent choisir pour leurs travaux un cadre spatial. Certains privilégient les entités politiques, les Trois-Evêchés, le Barrois ou la Lorraine (un groupe de travail sur les trois-Evêchés vient par exemple de se mettre en place à l’université de Metz) ou bien les circonscriptions religieuses (l’Atlas religieux de la Lorraine qui se prépare à l’université de Nancy) mais dans les deux cas, il reste des trous importants et bien sûr aucune carte ne correspond aux découpages administratifs contemporains. Or, en 1960, au début de sa thèse sur le Jansénisme en Lorraine, René Taveneaux avait déjà réglé le problème en définissant un « espace lorrain » qui possède sa propre personnalité notamment en matière culturelle et religieuse. Pour la Meuse, les recherches du Père Bonnet, sociologue au CNRS, permettent également de délimiter un espace qui a une certaine cohérence. Les cartes sur la pratique religieuse dressées après guerre montrent par exemple que l’Argonne est vraie frontière entre une zone de pratique importante, la Lorraine, et le Bassin Parisien, déjà très détaché. Mais, bien entendu, cette Lorraine et cette Meuse sont aussi divisées en « pays ».

31- Des « pays » au sens politique.

Au sens politique, c’est d’abord un agglomérat de pays. En effet, le territoire créé en 1790, et on sait que le député de Bar Gossin joua un rôle moteur dans la commission de départementalisation de l’Assemblée nationale, n’allait pas de soi.

Les « pays meusiens ».

Avant la Révolution, nous sommes à cheval entre le royaume de France, la Champagne ici en gris ou des enclaves françaises comme le Clermontois et Vaucouleurs. Jeanne d’Arc - nous ne débattrons pas aujourd’hui pour savoir si elle était meusienne ou vosgienne, cela ne veut rien dire – mais si elle vient à Vaucouleurs en 1429, c’est parce que la châtellenie dépend du roi de France et qu’elle était restée fidèle au roi de Bourges. Au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle alors que la seigneurie a été engagée au profit de la famille Dessalles, elle restera encore comme un coin fiché dans les territoires lorrains et à partir duquel l’autorité du roi pouvait rayonner vers l’Est.

Même chose avec Commercy et Ligny. A la fin du Moyen Age, Louis XI s’était emparé du comté de Ligny et l’avait confié à un de ses fidèles, le célèbre Georges de la Témoille, pour y jouer le même rôle qu’à Vaucouleurs. Récupéré par la famille de Luxembourg, le comté, érigé en duché passe ensuite au XVIIe siècle à un des plus grandes familles françaises, les Montmorency dont plusieurs membres ont joué un rôle dans les complots ou les pseudo-complots contre Richelieu et Louis XIII.

Enfin, et sans détailler, la principauté de Commercy devient après la Fronde le refuge du cardinal de Retz, qui faute de pouvoir continuer sa carrière politique en fait un lieu de diffusion du Jansénisme. J’y reviendrai. Retenons seulement pour l’instant que c’est pour lui à la fois une forme très rigoureuse du catholicisme et une manière de continuer à s’opposer à Louis XIV.

Plus au nord, le Clermontois a été détaché des possessions du duc de Lorraine pour constituer un apanage au prince de Condé, autre frondeur notoire, avec Varennes pour capitale.

Si Ligny et Commercy ont été rachetés au XVIIIe siècle par le duc de Lorraine, le Clermontois a gardé longtemps une physionomie à part. Sans la Révolution, ce pourrait être aujourd’hui Monaco…

Le roi de France contrôlait aussi directement les évêchés de Verdun et de Toul et indirectement le Barrois Mouvant. En effet, en matière de justice, les appels des tribunaux locaux étaient adressés auprès d’une juridiction française, en général un parlement.

Dans le Barrois non mouvant, à l’est de la Meuse, la souveraineté du duc est complète et c’est d’ailleurs pour cela que siégeait autrefois à Saint-Mihiel les Grands-Jours, une sorte de parlement et de tribunal suprême pour les duchés. Seulement à quelques centaines de mètres de la Meuse et donc de la limite de la mouvance, cela permettait de s’affirmer face au roi. Ce n’est pas un hasard si en 1634, au moment d’une occupation française, Louis XIII et Richelieu ont installé à Saint-Mihiel, une cour souveraine chargée du même rôle mais cette fois-ci au nom de la France.

32- Un imbroglio administratif.

Tout ceci crée un véritable imbroglio administratif. Je ne reviens pas sur les frontières politiques et encore je ne suis pas descendu, sauf exception, en dessous des principautés, il aurait fallu aller jusqu’au rang des seigneuries qui possèdent encore des pouvoirs.

321- Les limites religieuses.

Les limites politiques ne collent pas avec les limites religieuses, celles des diocèses.

Décrire la carte des diocèses.

L’évêché de Verdun ne correspond pas au diocèse et d’ailleurs son administration est partagée entre le prélat et son chapitre. Le princier de Verdun, le doyen de l’archidiaconé central et qui habitait le palais de la Princerie, était le deuxième personnage de l’évêché et il ne se sentait pas engagé par les décisions de l’évêque. Nicolas Psaume lui-même a dû à son époque batailler ferme contre lui.

Au XVIe siècle, l’évêque ne nomme d’ailleurs que très peu de curés, ce qu’on appelle la collation. Il ne contrôle pas plus de 10 % des paroisses, moins que l’abbé de Saint-Mihiel, mais il est le seigneur temporel dans davantage de localités. Les pouvoirs ont donc tendance à se mélanger. Il touche des impôts, pas que la dîme, et avec son chapitre les revenus de ses terres. Cela explique que les habitants viennent le voir non seulement pour des questions religieuses mais aussi pour des problèmes fiscaux voire pour lui emprunter de l’argent. En revanche, comme tout chef d’Etat – le mot est peut-être un peu fort – il conduit une diplomatie, parfois à l’échelle européenne.

322- Limites fiscales dont la gabelle.

Les limites fiscales sont encore différentes. Au début du XVIIIe siècle, le duc Léopold envoie l’abbé Rice enquêter sur ses terres afin de savoir quels villages dépendent de lui ou pas (il existe en effet des localités mi voire tripartites) et qui donc lui doivent quelque chose…

Au moment de l’intégration à la France. La question fiscale a été très importante notamment le problème de la Gabelle car le statut de l’espace lorraine était très différent de celui de la Champagne où on payait cher…

323- Limites judiciaires.

Je ne vais pas détailler la question judiciaire, mais là aussi il existe un imbroglio qui profite largement aux habitants qui savent habilement jouer des frontières, ce qu’Hervé Piant a admirablement expliqué dans son livre sur la Prévôté de Vaucouleurs. Les habitants jouaient parfaitement des appels, des concurrences entre les justices. En cas de condamnation à l’exil dans un village mi-partie, il suffisait en effet de traverser la rue…

Pour preuve, j’en veux la seigneurie de Stainville et l’affaire de Couvonges que j’ai présenté jadis aux Journées d’Etudes Meusiennes : des médecins en 1704, en zone frontières qui fabriquent des « anatomies » pour échapper aux poursuites éventuelles.

324- Les monnaies.

On n’imagine pas le progrès de la rationalisation révolutionnaire en matière de poids et mesures et de monnaies.

Sous l’Ancien Régime, le problème de la monnaie est triple : système qui fonctionne en général sur un base 12 et non pas le système décimal, il y a séparation entre la monnaie de compte, une monnaie virtuelle donc la livre, et le numéraire, et enfin les monnaies locales coexistent avec les monnaies étrangères.

Monnaie de compte Lorraine = £.L : Livre lorraine qui correspond environ à 0,8 £.T : Livre tournois c'est-à-dire de France mais en Barrois on use du Franc Barrois dont j’ai oublié la parité = FB : Franc barrois (1 FB = 12 gros ou 192 deniers soit 16 deniers pour un gros). Voilà de jolis problèmes de mathématiques pour les écoliers d’antan.

Bien sûr les pièces qui circulent sont en or, en argent ou en cuivre, la monnaie de billon, qu’elles proviennent des duchés ou des états voisins mais qui elles ne comportent aucune valeur faciale. C’est la pesée qui donnera la valeur. Le travail des comptables est donc assez compliqué.

Monnaie papier = expliquer la constitution de rente = une forme de crédit, une civilisation et une forme de monnaie.

324 – Les mesures : l’ex. des surfaces.

Même difficultés avec les mesures. Prenons l’exemple des surfaces.

Mesures différentes selon la nature de la surface : La fauchée (F) pour les prés, la journée (J) pour les emblavures et l’arpent (A) pour les bois ont une surface équivalente.

En règle générale :

F = J = A = 10 omées ou 250 verges carrées = 20,44 ares.
Omée = 2,044 ares.
Verges carrées = 8,17 m².

En revanche, pour tout simplifier, la mesure change entre le Barrois et le Verdunois voire parfois d’un village à l’autre. Pour les mesures de contenances, cela devient même ingérable.

33 - Des « pays » au sens culturel.

La question des mesures prouve que l’on peut parler de « pays », au pluriel, aussi dans un sens culturel. Le nord meusien n’est pas le sud meusien, c’est encore valable aujourd’hui, on le sait bien et pas seulement dans les querelles politiques.

Certains secteurs, même quand leur intégration est ancienne, ont quant même gardé une physionomie particulière. C’est le cas de la région de Marville qui faisait autrefois partie des Pays-Bas espagnols et où on trouve des inscriptions dans les églises à la gloire de Charles Quint ou de Philippe II d’Espagne.

Cette physionomie transparaît dans la toponymie, dans les dévotions locales ou dans l’existence de coutumes particulières. Ainsi, dans le centre-ouest de la Meuse, entre Revigny et Rembercourt-aux-Pots, on trouve encore aujourd’hui de fréquentes mentions de Saint-Eloi, en référence à des associations pieuses qui ont existé de la fin du Moyen Age jusqu’à la guerre de 14 (elle existe encore à Revigny).

Expliquer les saint-Eloi et présenter la statue.

Au nord de Verdun, autours de Charny, même chose mais avec Saint-Hubert. A une autre échelle, on a remarqué que de manière constante, sur plus de 300 ans, les naissances illégitimes étaient deux à trois fois plus importantes dans le nord-meusien qui relevait du diocèse de Verdun que dans le sud qui relevait de Toul. A l’inverse, le sud-meusien où la dévotion envers la Vierge était plus développé, était structuré par tout un ensemble de groupes, de pratiques, d’habitude qui visaient à surveiller et à encadrer les filles. Donc sur le plan social et même dans le domaine culturel, ils existaient des différences importantes dans la vie quotidienne entre les « pays » meusiens.

Elles sont d’ailleurs visibles dans l’espace. Ainsi, à l’époque moderne, autour de Saint-Mihiel, cité qui dépendait du diocèse de Verdun, on installait des croix à la croisée des chemins alors que sous les côtes de Meuse, là où se trouve aujourd’hui le lac de Madine et qui dépendant au spirituel de Toul, c’est des statues de la Vierge et des petites chapelles qui étaient édifiées.

On peut donc, je crois, utiliser le terme de « pays » pour décrire la Meuse d’Ancien Régime, un terme qui n’a pas attendu les lois de décentralisation pour être sur le terrain une réalité géographique.

4– Une fausse familiarité : un autre monde.

Mais attention, si certaines réalités ont survécu jusqu’à nos jours, l’époque moderne entretient avec nous une fausse familiarité.

41 - La langue.

C’est d’abord celle de la langue.

Moins dépaysant que le Moyen Age, a fortiori l’antiquité.
La langue est presque la même.
On peut lire les inscriptions dans les églises.
Mais en réalité il y a des différences d’un pays à l’autre notamment dans le vocabulaire et là je le contente de renvoyer aux travaux du professeur Lanher.

42 - Les écritures.

Généalogie, archives départementales, intérêt pour l’Histoire locale.
On arrive à lire les écritures même si elles évoluent beaucoup sur la période.
CF. Années 1660 avec des boucles à n’en plus finir et l’introduction des accents.
La fixation de l’orthographe c’est pour plus tard.

Qui dit écriture, dit éducation. Or, la Lorraine est en avance dans ce domaine grâce à ces petites écoles. Tous les villages en ont une.

Rôle des organisations religieuses pour le financement. Les filles aussi.

43 - Les mentalités

Donc on les comprend, ces meusiens du XVIIe et du XVIIIe siècle mais c’est un monde très différent notamment dans le domaine des mentalités à une époque où la mortalité infantile fait disparaître 1/3 des enfants avant l’âge d’un an.

Rapport à la nudité mais chapeau ou foulard.
Présence des morts : l’Argonne (discussion avec un universitaire qui me disait que le doit canon disait le contraire et que donc ça ne devait pas exister).
Peur de la mort brutale : la mort baroque.
Un monde de l’entre soi ou les relations font le capital social et où on se surveille…

Plan : Pour le reste, cette longue discussion, sur les dates notamment, a montré les difficultés d’un découpage chronologique qui soit commun à l’ensemble des « pays » de la Meuse. J’en resterai donc pour le récit qui va venir à une présentation par siècle, des siècles un peu larges, un peu élastiques qui ont le mérite d’être bien typés : un âge d’or au XVIe siècle, une tragédie au XVIIe siècle, une annexion au XVIIIe.

Et pour le contenu, devant brosser un portrait en une heure, une heure que j’ai déjà à moitié entamée, j’ai préféré replacer à gros traits les pays meusiens dans l’Histoire européenne, afin de montrer que nous ne sommes jamais en retard, et privilégier le vécu des habitants.

Je n’irai en revanche pas dans le détail de l’économie sauf à indiquer les périodes de crise ou de reconstruction et à montrer comment les gens ont fait pour s’en sortir aux périodes difficiles.

Et puis j’aimerai vous montrer les lieux à voir !

II – L’Age d’or : un beau et long XVIe siècle.

Ce XVIe siècle pourrait aller de 1480 à 1630 et durer 150 ans. Alors bien sûr, il ne faut rien exagérer. Il connaît aussi ses périodes de disette ou de peste, par exemple vers 1590, mais globalement la période est brillante. Bar le Duc est Verdun sont en relation avec l’Europe entière et elles n’ont rien à envier en matière de Renaissance et d’Humanisme à d’autres capitales.

Au centre de l’Europe :
Concordat de Nuremberg.
La chevauchée d’Austrasie : annexion des Trois-Evêchés.
Les visites royales, Charles IX à Bar-le-Duc, les mariages royaux = quand Bar rapprochent les deux dynasties.
Nicolas Psaume et le cardinal de Lorraine. Diplomatie, Concile, Haute Théologie. La réception des décrets du concile de Trente et avance sur l’application.

La Renaissance / Des humanistes :
Un contemporain de Montaigne = Jean Errard.
Gilles de Trèves.
Ligier Richier.
L’aspect monumental : Marville, Saint-Mihiel.
De Bibliotheca = incunables etc.

De Bar à Nancy :
Les Grands Jours de Saint-Mihiel.
Bar ou Nancy, plus d’habitants à Bar au XVIe siècle qu’à Nancy.
Toutes les villes sont des petites capitales : Bar, Saint-Mihiel, Ligny, Commercy, Verdun.
Le départ progressif des ducs, une autre nécropole ducale = du squelette de Ligier Richier à la chapelle des Cordeliers de Nancy.

Une brillante sociabilité : l’appartenance à des groupes.
La moindre présence du prince permet en revanche l’épanouissement de groupes nobiliaire, d’association, de cercles très brillants où la bourgeoisie montante trouve même à s’intégrer et à s’épanouir.
L’Ordre de Saint-Hubert de Bar.
Les archers : cies d’archers, géogr, usages, mélange traditions et news : le baptême au vin.
Les Saint-Eloi.
Les associations professionnelles : Saint-Fiacre : but, entraide mutuel etc.

La Réforme : un protestantisme diffus et finalement peu réprimé.
La réforme : Avant Luther, prédications, Le Marlorat.
Quelques rares buchers (Instituteur Crespin à Saint-Mihiel en 1535).
Verdun 1562 - La procession dite des Huguenots.
Bar, Ligny, Saint-Mihiel.
Ligier Richier : l’appel de Saint-Mihiel au duc Antoine.
Le paradoxe de la mise au tombeau de Saint-Mihiel. Genève.
Le protestantisme diffus de Nettancourt à Thillombois, de l’Aire à la Meuse, l’Argonne. Des toponymes = Rosnes, rue du temple.
La ligue : prudence du duc, le siège de Bar.
Jean de Savigny de Rosnes adjoint du duc de Guise.
Les guerres de religion épargnent la Meuse (Wassy…).


Réforme catholique plutôt que Contre Réforme :
Marguerite de Savoie à Ligny = plus RC que CR = couvents, processions.
Exaltation du dogme catholique = baldaquin cathédrale = St-Pierre = présence réelle Christ dans l’Eucharistie = Psaume 1554 Livres et conf.
Des villes clochers = l’installation de nouveaux ordres religieux et monastiques : capucins, minimes, carmes, carmélites, annonciades etc.
Les Jésuites = collèges de Bar et Verdun, résidence de Saint-Mihiel.
Renouvellement et enrichissement spirituel : vers une religion plus intime, plus personnelle.
Les sorciers = peu finalement contrairement aux Vosges.

III – La tragédie du XVIIe siècle : Les Pays Meusiens à l’époque de « la première guerre mondiale européenne ».

Et puis arrive la tragédie : la guerre de Trente ans précédée déjà par quelques longs hivers et la disette. Les troupes de passage vont amener avec elle la peste.

Montmédy.
On s’y préparait : une double citadelle = Stenay au début du XVIIe siècle.

La guerre de Trente ans :
Résumé la guerre de Trente ans = causes, implication décalée.
Destructions de châteaux, batailles en Meuse ; cf près de Lavalée.
Louis XIII, Richelieu, Anne d’Autriche et ses grossesses…
Le château de Madame de Saint-Balmont : un petit état, l’Amazone.
Ossuaire de Marville : développement du morbide. La peste, la famine, la guerre = pas de familles exponentielles, notion de crise démographie, Pierre Goubert, Troyon. Pierrefitte. Zone rouge. La perte démographique = au moins 50 %.
1661, 1696, Long Hiver 1709 : registres paroissiaux.
Occupations et annexions, Dun, Clermontois.
Louis XIV et Vaudan en Meuse. Le siège de Montmédy. Fortifications = Montmédy comme Longwy mais pas classé Unesco…

Atténuer la crise
L’assistance.
Saint-Vincent de Paul, abbé Guérin et Saint-Mihiel, les pieuses dames : les charités (de la charité à l’enfermement des pauvres, les chasses pauvres, pauvres d’ici et de là-bas, pauvres honteux…, le système de cloisonnement à Verdun). Michel Foucauld.
La spiritualité.
Multiplier les protecteurs : Vierge au grand manteau le tableau de Naives-devant-Bar.
L’assimilation incendie – peste = Sébastien – Barbe.
Les tournées Saint-Hubert d’Ardennes = peste et rage.
ND de Luxembourg = répits = cf. force de la mortalité infantile.
Benoîte-Vaux, Avioth = répits.
Processions blanches puis pèlerinages.

Reconstruction :
Reconstruction matérielle : démographique, j’en dirai un mot après, agricole (achevée vers 1720), croissance économique, bâtiment (églises).
Reconstruction spirituelle.
Mechtilde de Bar : vie + insertion à l’école française de spiritualité et liens avec la Meuse.
Le cardinal de Retz à Commercy.
Dom Hennezon et Saint-Mihiel : l’académie. Le jansénisme.

IV – Vers l’annexion : Les Pays Meusiens au XVIIIe siècle.

J’ai déjà été très long, je vais aller à l’essentiel d’autant que nous savons déjà où nous allons arriver : l’annexion.

Vers un monde plein.

La récupération démographique : naissances.
Calme, croissance.
1697 – Léopold. Enquête Rice.
Le micro-crédit /le crédit agricole.
Claude Nassé : exemple d’un curé de choc qui reconstruit sa paroisse sur le modèle d’une théocratie.

De nouvelles menaces.
Mariage tardif.
Naissances illégitimes, pères inconnus, fantasme ou réalité : Saint-Mihiel.
Moraliser la jeunesse = Fains.
Sociétés de jeunes : Gondrecourt.
Défendre la vertu des filles.
Le Sacré-Cœur.

Vers l’annexion.
Une anecdote : Un lieu de relégation = Jacques Stuart à Bar-le-Duc.
Le retour de Léopold = 1697.
1737 - François II -Opposition de la duchesse douairière. Garder au moins le Barrois. Princesse de Commercy. Stanislas. Château de Commercy.
Le retournement des alliances, France et Autriche = Duc de Choiseul = Chassey – Stainville… qui est parti vers la Loire et Amboise.

CONCLUSION OUVERTE.

Je ne vais pas conclure, c’est l’époque contemporaine qui le fait à travers Jean-Pierre Harbulot. J’espère seulement avoir pu montrer que la Meuse n’est même si elle n’existait pas, a été au cœur de l’Histoire européenne et ceci bien avant 1916.