jeudi 4 juillet 2013

Les "Amis de la Gendarmerie" : un article sur la réserve opérationnelle de la GM



Une discussion sur l'usage de la force.

Général Sir Rupert Smith, L’Utilité de la force – L’Art de la guerre aujourd’hui, Traduction (anglais) par Philippe Riscalens révisée par le Général Vincent Desportes, Préface du Général d’Armée Bruno Cuche, Coll. Stratégies et Doctrines, Economica, 2007, 395 pages, 22 euros.


« Dans les faits, quand nous utilisons la force aujourd’hui, elle est le plus souvent inutile ». Cette formule lapidaire et paradoxale de la part d’un militaire, mais pourtant tellement d’actualité, illustre le projet du général Sir Rupert Smith dans son livre. On ne présente plus ce général britannique, le type même de l’officier qui, formé par et pour la Guerre Froide, a été amené paradoxalement à conduire d’autres guerres que celles pour lesquelles il s’était engagé voilà plus de quarante ans. Il est en effet arrivé aux plus hautes fonctions seulement après 1989 et la chute du mur de Berlin : une division lors de la première guerre du Golfe (1990-1991), la FORPRONU en Bosnie (1995), les forces britanniques en Irlande du Nord (1996-1999) et enfin le commandement en second de l’OTAN en Europe (DSACEUR) avant son départ du service actif en 2002. Depuis les accords de Saint-Malo, il était également le commandant stratégique de la force européenne en gestation.
 

Le général Smith est donc l’un des mieux placés pour juger de l’évolution de la guerre et de l’art de la conduire à une époque ou défense et sécurité tendent à se confondre et que les objectifs assignés par le politique aux militaires paraissent de plus en plus flous. La disparition de la guerre industrielle interétatique et le développement de la guerre parmi les populations, ceci avec les contraintes d’une action en coalition internationale, obligent en effet à renouveler complètement l’approche de l’usage de la force ; à trouver un nouveau paradigme. Or, les doctrines, les appareils militaires et les mentalités hérités de la guerre froide se révèlent de plus en plus inadaptés aux nouvelles menaces. Dans le même temps, les possibilités budgétaires des Etats occidentaux se réduisent.

Les ouvrages sur la guerre sont le plus souvent de deux natures. Des témoignages sur le vif de la part des combattants ou des livres de théoriciens éloignés du terrain. Homme de très grande culture mais aussi praticien expérimenté, le général Smith associe heureusement les deux. Dans chacun des postes qu’il a occupés, il a en effet très vite compris que la manière habituelle de faire n’était plus adaptée et il a dû réfléchir à la manière de pouvoir remplir sa mission. Plutôt que des mémoires, ce livre qui comprend trois mouvements successifs - la guerre industrielle interétatique, la confrontation de la guerre froide et la guerre au sein des populations – donne le fruit de ses longues réflexions appuyée sur l’exemple des opérations auxquelles il a été associé et l’excellente connaissance que l’auteur a de l’Histoire.

Un livre utile pour comprendre l’époque actuelle et ses enjeux et éclaircir, un peu, le brouillard de la guerre.

Frédéric Schwindt – 170e SR (Nancy-Metz – 2007)

Vice -Président de l’AR13 - Lorraine