jeudi 13 novembre 2008

Cérémonie patriotique



Inauguration du monument aux morts d'Erize-la-Grande
8 novembre 2008
Rappel des poilus d’Erize-la-Grande
par Frédéric Schwindt, correspondant défense de la commune


INTRODUCTION :

Comme lors de l’inauguration du monument de Rosnes, nous avons souhaité ne pas nous limiter à une simple énumération mécanique de la liste du monument aux morts mais essayer de rendre un peu de vie, un peu de chair à ces 14 hommes qui ont tout donné pour la patrie.

C’est grâce à eux que nous pourrons, mardi prochain, quand les cloches de tous les villages sonneront, comme en 1918, commémorer à Verdun, en présence du président de la République et de chefs d’Etats étrangers, les 90 ans de l’armistice.

Ce que je vais dire ressemblera donc hélas beaucoup aux constatations que nous avions faites à Rosnes, au printemps, et je crois, là je m’adresse aux maires présents, que nous pourrions faire les mêmes dans toutes nos communes.

1 – 1914-1918.

Nous sommes en Meuse marqués par la boucherie de Verdun mais contrairement à ce qu’on peut croire, les plus grosses pertes ont eu lieu au début et à la fin du conflit, lors des phases de mouvement et non pas lors des phases d’usure.

Deux de nos poilus sont tombés en 1914, quatre autres en 15 lors de la course à la mer et de la bataille de la Somme, quatre également en 1918 au moment des coups de boutoir de Luddendorf ou de l’offensive finale au côté des Américains.

2 – Des hommes jeunes.

J’y insiste toujours, notamment pour les enfants, car mêmes nous, nous avons toujours eu l’habitude de voir des cheveux blancs lors des cérémonies, il s’agissait alors d’hommes jeunes, voire très jeunes.

Si l’on retire le chef de bataillon Auboin, né en 1866 et mort exactement à 50 ans le 8 avril 1916 quelque part près du fort de Vaux (j’ai vérifié, c’est non loin de là et dans les mêmes opérations que quelques jours plus tôt le capitaine de Gaulle a été porté disparu), nos soldats sont en moyenne né en 1890.

Ils sont un peu plus âgés que ceux de Rosnes, il y a donc beaucoup de rappelés parmi eux et plusieurs sous-officiers, les sergents Purson, Granger et Henrion, mais se sont pourtant des hommes dans la force de l’âge qui tombent au feu à 25 ans de moyenne.

3 – Les unités et les champs de bataille.

A l’exception d’André Noël et d’Ernest Louis René Petitpas qui servent au 18e et 12e Régiment de Chasseurs à Cheval, tous sont des fantassins.

D’ailleurs les cavaliers eux-mêmes ont été pour la plupart et rapidement démontés pour renforcer les tranchés.

Le fait que Jules Louis Purson soit un peu plus âgé explique son affectation à un régiment territorial, le 74e RI, ce qui ne l’empêche pas d’être envoyé tout de suite en première ligne et de mourir dès le 1er novembre 1914 en Belgique.

Trois de nos poilus, Jacquier – Granger et Médart, servent, on s’en doutait, au régiment de Bar-le-Duc, le 94e RI, représenté aujourd’hui par M. Manchette mais on trouve aussi le 41e, le 136e, le 166e, le 306e et le 355e.

Cas particulier, Fernand Alexandre Bernard relevait lui du 9e Régiment du Génie, compagnie 6/5, des unités dont on ne dira jamais assez le rôle à la fois dans les combats, et dans la préparation des assauts, mais aussi dans l’amélioration des conditions de vie de nos hommes au front.

Les lieux où ils décèdent racontent la guerre de 14-18, pas besoin de carte, il suffit de citer le département ou la région pour que des tas d’images nous viennent en tête : Belgique, Meuse 2 fois, Marne 5 fois, Ardennes, Aisne, Somme 2 fois.

Causes de la mort : 1 disparu, Léon Pariset, le 16 juillet 1918, 5 tués à l’ennemi et 6 des suites de blessures de guerre. Pensons à ces centres de tri, juste derrière les premières lignes, où on amène les blessés et où les médecins militaires doivent prendre la terrible décision : qui vont-ils pouvoir soigner et qui ont va abandonner aux mains des aumôniers parce que le temps ou le matériel manquent ou parce qu’on pourra sauver trois ou quatre amputés à la place d’opérer un blessé atteint aux viscères.

4 – 1939-1940.

Erize-la-Grande a également été touché par la seconde guerre mondiale : Fernand Watelet mort en 1939 et André Tronville tué en 1940. Cette guerre est plus proche de nous, certains ici l’ont vécu, et on se souvient des victimes qu’on a connu.

André Tronville qui était né le 14 janvier 1915 a devancé l’appel pour faire son service militaire au Maroc, à Casablanca, dans les Zouaves, avant de reprendre le travail dans la ferme familiale.

Rappelé lors de la mobilisation, il retourne au Maroc avant que son régiment ne soit affecté en métropole et engagé en Champagne dans des combats antichars. Un obus tombe sur sa pièce et en tue les 8 servants le 12 juin 1940, à quelques jours de l’armistice. Il meurt la gorge tranché par un éclat.

Enterré dans une fosse commune à Villers Allerand, près de la Montagne de Reims, son corps est retrouvé et reconnu par son père, après l’armistice grâce à sa manière particulière de lacer ses chaussures. Il a été ramené au cimetière d’Erize-la-Grande.

Fernand Watelet, quant à lui, est enterré au cimetière militaire de Metz.

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